Chronique

Pulcinella

Clou d’estrade

Ferdinand Doumerc : sa, t, bar, fl, métallophone ; Florian Demonsant : accordéon, chouette – Frédéric Cavallin : fr, percussions, glockenspiel, métallophone, flûte à coulisse – Jean-Marc Serpin-Morin : cb

Label / Distribution : Yolk Records

Si vous fréquentez les scènes jazz d’un grand quart Sud-Ouest de la France, vous avez nécessairement croisé plus d’une fois la route de ce jeune quartet né en 2004. Mais vous l’avez peut-être vu et entendu ailleurs : Reims, Nantes, St Louis du Sénégal… Pulcinella, le polichinelle qui ne tient pas dans les tiroirs, placé sous le double patronage de Stravinsky (pour le goût du recyclage musical ?) et de la commedia dell’ arte (pour le plaisir farceur). Lauréat 2007 du programme « Jazz Migrations », mine de rien, le groupe est déjà devenu exemplaire pour nombre de jeunes musiciens toulousains.

Formation de scène avant tout, autant par vocation que par nécessité, Pulcinella sort cette année son premier album sur le label Yolk - un premier CD autoproduit, Jazz délocalisé, l’avait précédé. Huit compositions réjouissantes signées de tous les membres du quartet, qui reflètent la diversité coloriste de leur répertoire scénique.

Le ton « sudiste-festif » de « O Mais », proche parent de ce qu’a pu produire un Gérard Pansanel, voisine avec la nostalgie (pas si) naïve de « Les Loups sortent de la bergerie », les glissandos tango-musette de l’accordéon émaillent « Vie et mort du platane de Prugnanes » ou « Je suis dans la dèche », les jouets en caoutchouc couinent, les clins d’œil à la musique de feuilletons télé franchouillards font sourire dans « Rev’là Raymond », les titres de morceaux sont aussi facétieux que le quartet sur scène (« Hippocampéléphantocamélos », bien dans la ligne d’un Cyrano), la qualité de la réalisation musicale est impeccable, la batterie cavale, la basse pilonne, les saxophones s’enroulent et se déchirent.

Irréprochable, cet album laisse pourtant un petit goût de « trop-peu ». La fantaisie est présente, certes, mais moins débridée, moins culottée que sur scène. Une production très soignée - trop peut-être - à quoi manque le supplément d’énergie du rapport direct avec le public et la mise en scène « approximative et négligée » d’Eric Lareine, dont les spectacles avec la Campagnie des Musiques à Ouïr, entre autres, font date.

Quoi qu’il en soit, Clou d’Estrade reste un excellent moyen de découvrir Pulcinella pour les malheureux qui ne l’auraient pas encore rencontré. Et, pour les autres, la seule façon de les réentendre quand ils ne jouent pas dans les parages.