Sur la platine

Rebirth on Wax : jazz à la sauce indienne

Le label français réédite des vinyles des années 70 et 80 avec savoir-faire


Jeune maison de disques française qui remet en circulation et sur support vinyle des enregistrements des années 70 et 80, Rebirth on Wax se taille la part du lion parmi les musiques issues de la diaspora antillaise (les West Indies en anglais) ou africaine.

L’aventure est née il y a quelque temps, mais les disques sont arrivés récemment sur le marché. Pour l’instant, quatre références sont proposées par la maison.

En premier lieu, le disque CHODO du pianiste martiniquais et parisien Georges-Edouard Nouel. Une réédition de l’album de 1975, avec une couverture dessinée par Wolinski et parmi les musiciens, le bassiste Louis Xavier et le batteur St-Yves Dolphin. Une cavalcade au piano dans un style enlevé et prolixe sur certaines pistes qui se transforment en douces rondeurs au Fender Rhodes, comme pour le standard haïtien « Meci Bon Die » (ou « Mési Bondyé ») écrit par Frantz Casseus, popularisé par Harry Belafonte et récemment repris par Leyla McCalla. Chodo rend hommage au pianiste Nouel ainsi qu’à ces musiques toutes cousines tant que créoles.


Autre disque, mais avec quelques musiciens en commun, c’est LADJA qui est réédité. Cette fois le bassiste Louis Xavier assure le leadership et s’entoure également du batteur St-Yves Dolphin, mais également du grand Jo Maka aux saxophones et le pianiste Alain Jean-Marie est au clavier acoustique. Un ensemble assez large pour un jazz très cuivré et métissé sorti en 1982 et produit par Pierre Lattes, un visionnaire. Issu du groupe Synchro Rhythmic, associé à Georges-Edouard Nouel, le bassiste Louis Xavier assure une présence soutenue dans les clubs et studios de Paris pendant les années 70, pour tout ce qui touchait aux musiques antillaises. Introduit dans la maison ronde par Lattes, il tiendra même le micro pour une émission musicale sur France Musique. L’album en question ici, Ladja, a été enregistré en studio mais en condition live, avec cette énergie brute qui s’en dégage. Ladja rend hommage, par ses titres, à la danse, à la culture antillaise et les thèmes sont signés de Jo Maka et Louis Xavier.


Le troisième album est celui de la réédition de PÉI BATO FOU, un double album live du groupe réunionnais Ziskakan, enregistré en 1983 au CRAC de Saint-Denis. Ziskakan est un large ensemble instrumental et très vocal, dirigé par Gilbert Pounia et qui fait partie des groupes émergents de musiques traditionnelles qui ont fleuri dans les années 70 et 80, en Métropole comme en Outre-Mer. Ziskakan porte les couleurs du maloya, le répertoire réunionnais folklorique et populaire et interroge, entre autre, son rapport avec la France, cette métropole lointaine.


Enfin, la dernière référence en vente actuellement est une rareté africaine, un bijou de syncrétisme minimaliste, l’album LES YA TOUPAS DU ZAÏRE édité en premier lieu en 1978. Aux piano, claviers et orgue, on trouve Lema A Nsi, plus connu sous le nom de Ray Léma et qui propose là, avec une nonchalance brûlante, des petites saynètes aux multiples influences, dansantes et répétitives. A la basse, Bopol Mansiamina (également membre du groupe 4 étoiles) et Manuaku Waku à la guitare complètent le trio congolais (ancien Zaïre) et s’adjoignent quelques percussionnistes pour permettre une entrée en transe plus rapide. Cette réédition du disque des Ya Toupas est une occasion d’entendre ce groupe dans un format instrumental et moins commercial que lorsqu’ils font danser avec leur tube « Je ne bois pas beaucoup », un format qui met à jour leurs grandes qualités d’improvisation et de mélodisme.


On trouve les informations relatives à Rebirth on Wax sur leur site, notamment les liens pour acheter ces LP.