
Revolutionary Snake Ensemble
Live Snakes
Le Revolutionary Snake Ensemble (RSE) du saxophoniste Ken Field est un groupe dont la puissance n’éclate véritablement que face au public, c’est un fait établi. Le troisième album de ce big band à géométrie variable le prouve amplement. Mais encore ? Live Snakes est un montage célébrant la puissance d’une ligne de soufflants compacte, une sorte de kaléidoscope qui n’hésite pas à proposer un « Cassandra 4 Remix » faisant la part belle à l’écho, aux rythmiques dédoublées et aux timbres transfigurés.
Une énergie de l’immédiateté, donc, et une musique très scénarisée, destinée à rendre hommage à Karen Aqua, la compagne de Field, décédée quelques jours après le premier concert. Capté en mai 2011 et février 2013, Live Snakes a des allures de catharsis. Notamment lorsque le RSE reprend « Que Sera Sera », bien servi par la finesse des arrangements. Cet album présente la meilleure facette de l’orchestre, festive et enlevée, qui devait beaucoup à Aqua. Celle-ci avait en effet créé des costumes bariolés, dans la tradition des « Mardi Gras » de Louisiane. « I’ll Fly Away » y est d’ailleurs fréquemment joué lors des enterrements.
Dans ces deux concerts mêlés se croisent les fidèles batteurs Phil Neighbors et Kenny Wollesen ainsi que des invités de marque : le tromboniste Josh Roseman (Uri Caine, Steve Coleman ou l’orchestre de Joe Fiedler) et Matt Darriau, l’illustre saxophoniste des Klezmatics. La dynamique est fanfaronne et subtile, comme l’annonce le joyeux « Parade ». Avec le RSE, Field a toujours eu le désir de faire de son orchestre de Boston, habitué également aux salles new-yorkaises (dont le Stone), un brass band sudiste dans ce que ces formations ont de plus éclatant, tout en gardant un goût pour une complexité teintée de free (en témoigne sa relecture de « Caravan »). Un disque plein d’émotion.