Chronique

Rue De Tanger

Simone

Pierre-Yves Le Jeune (ctb), Laurent Derache (acc), Dogan Poyraz (dms, perc).

Label / Distribution : Wopela Label

Rue de Tanger est un nouveau trio, finaliste du concours national de jazz de La Défense en 2019, qui sort un premier album intitulé Simone, le 21 août 2020, à la suite d’une campagne de financement participatif.

Formé à l’initiative du contrebassiste Pierre-Yves Le Jeune, le trio a pour singularité d’associer accordéon et percussions orientales à la contrebasse.

A l’accordéon, Laurent Derache, que l’on connaît déjà pour son trio depuis 2010, son association au sein du Matthieu Chazarenc Quartet "Canto”dans un répertoire où s’exprime l’amour de la mélodie et de la chanson autour de l’accordéon et du bugle. Laurent développe également un duo accordéon / batterie intitulé Bellowshakers, qui sortira un premier album prochainement, et que nous avons découvert dans le cadre de sa participation au concours Jazz Migration de l’AJC.

Aux percussions orientales, Dogan Poyraz, que l’on retrouve aux côtés de Bachar Mar Khalifé ou encore au sein du Haidouti Orkestar dont on avait vu la création avec Ibrahim Maalouf en 2019.

Quant à Pierre-Yves Le Jeune, contrebassiste, compositeur et arrangeur, il a baigné, dès le plus jeune âge, avec un grand-père accordéoniste, dans un univers musical où l’accordéon avait une place à part. Après quelques années d’exploration du répertoire musette traditionnel, il recherche « une lecture plus contemporaine de cet univers singulier en s’inspirant de courants musicaux qui composent les faubourgs des villes ».

Le nom du groupe, il l’a choisi en référence à une rue métissée du 19ème arrondissement de Paris près des boulevards extérieurs de La Villette et de La Chapelle, dans laquelle se trouvait depuis 1926 un bal musette surnommé le Tourb’.

Qui est cette Simone qui donne son titre à l’album ? Un personnage mystérieux et insaisissable, une silhouette souple et fragile selon la citation de Pierre Mac Orlan figurant sur la pochette.

Nous guiderait-elle à travers un Paris idéalisé à la Amélie Poulain ? Vers un métissage rêvé entre guinguette, rythmes orientaux et jazz ?

Pour se faire une idée, il faut écouter les sept titres de l’album dont « Denya quoi !, » morceau sur lequel Sofiane Saïdi, le chanteur emblématique de la nouvelle scène Raï, est venu poser sa voix pour une création de java algérienne…

… et tomber comme nous sous le charme, tout particulièrement du morceau intitulé « Rétrospection », la pièce maîtresse de l’album. Ce voyage urbain de 8 minutes 30, à rebondissements, instaure une tension mélodique et rythmique qui n’est pas sans nous rappeler le « New York Tango » de Richard Galliano.

Enregistré en mai 2019 au Studio Midi Live de Villetaneuse, accompagné par l’ingénieur du son Jean-Baptiste Brunhes, l’album bénéficie également d’un mastering par Benjamin Joubert (Richard Galliano, Bireli Lagrene, …).

Le trio a travaillé le graphisme, le décor et les vidéos associées au projet : la photographie de l’album a été confiée à Sylvain Gripoix ; la vidéo du titre Rétrospection a été réalisée par Dimitri Rowe assisté de Moh Aroussi dans le décor d’une usine désaffectée en banlieue parisienne.