Chronique

Sammy Stein

Women in Jazz (The Women, the Legends & Their Fight)

Largement plébiscité par la presse et les lecteurs anglophones, cet ouvrage sur les femmes et le jazz n’est pas encore disponible en français. Cependant, il se lit facilement. En France, on connaît le travail précis de la chercheuse Marie Buscatto sur le sujet. Pour la zone anglophone, qui couvre aussi bien les USA, le Canada que le Royaume-Uni (pour ce qui est des témoignages), c’est Sammy Stein qui maîtrise le champ d’étude. La journaliste et autrice y travaille depuis longtemps et sur plusieurs supports : presse, radio etc.

Dans ce livre, une première partie plutôt historique plante le décor et le contexte, l’histoire du jazz, sa naissance à New Orleans et les femmes, leur place dans cette histoire. Puis ce sont quelques portraits des grandes jazzwomen historiques, de Bessie Smith à Carla Bley.

Enfin, le vif du sujet – même si la première partie permet sûrement aux néophytes de découvrir plein de musiciennes – constitue la seconde partie, une somme de considérations regroupées en chapitres (le sexisme, la carrière, le regard des hommes, la féminité, le corps, le succès, l’égalité, etc.). C’est là que l’autrice répartit les témoignages récoltés auprès d’une vingtaine de femmes, musiciennes ou professionnelles du jazz (production, communication). Ces femmes sont britanniques ou nord-américaines, on en connaît bien quelques-unes et pour ma part, j’ai découvert quelques musiciennes, notamment de la scène jazz mainstream.

Le livre se termine sur une question ouverte concernant le futur, avec comme constatation pour ces femmes que le public se rajeunit et que la scène se féminise à mesure que s’effacent les barrières entre les musiques. « La question du genre ne se posera plus dans le jazz, ce moment approche » conclut l’autrice.
En annexe, on trouve des mini-bios des femmes interrogées.

Ce livre d’actualité est encore utile, car concernant le sujet, on y trouve l’anecdote édifiante d’une musicienne qui a entendu des hommes parler d’elle en disant qu’elle devait mimer son chorus par-dessus un enregistrement, parce que ça sonnait trop bien pour être joué par une femme.
A ce niveau, ce n’est plus un problème de genre, c’est psychiatrique.