Chronique

Simon Goubert

Le phare des pierres noires

Simon Goubert (d), Jean-Michel Couchet (ss/as), David Sausay (ts/ss), Laurent Fickelson (p), Stéphane Persiani (b)

Label / Distribution : Seventh Records

Avec son quatrième album (1998), Simon Goubert signe une œuvre très accomplie, sans aucun doute l’aboutissement d’une période. La formule quintet opère à merveille, avec les deux saxophones de Jean-Michel Couchet et David Sausay qui créent une densité sonore et une richesse harmonique comparables à toute une section de cuivres. Laurent Fickelson est plus « mccoy-tynerien » que jamais, Stéphane Persiani tout en solidité discrète.

Simon Goubert nous fait presque oublier son talent exceptionnel d’instrumentiste par la qualité de ses six compositions. « The Wind Will Come » nous offre des thèmes virtuoses, où s’entremêlent les voix complexes mais entêtantes des saxes. On reconnaît les premières notes de la troisième partie de « Love Supreme ». Les deux pièces où Goubert délaisse sa batterie sont d’une inspiration presque « classique » : « Organum I », superbe morceau éthéré et inquiétant à la fois, porté par un piano à la grâce diabolique ; « Campanella », sorte d’apaisement final après passage d’une tempête bretonne.
Le sommet du disque est atteint avec le morceau titre, une lente montée orgasmique culminant en un chaos free mais parfaitement envoûtant. Car pour l’auditeur qui se perd peu à peu dans la tourmente, revient la lumière régulière d’une note de soprano - la lumière des pierres noires.

Profondément marqué par Coltrane, Simon Goubert parvient à s’en détacher et nous livre une musique évocatrice et poétique, ce qui est finalement rare dans le jazz.