Snarky Puppy
Empire Central
Bob Lanzetti (g), Mark Lettieri (g), Chris McQueen (g), Justin Stanton (kb), Bobby Sparks (kb), Bill Laurence (kb), Shaun Martin (kb), Zach Brock (vln), Mike Maher (tp, flh), Jay Jennings (tp, flh), Chris Bullock (ts, ss, clb, fl), Bob Reynolds (ts, ss), Michael League (elb, moog), Nate Werth (perc), Keita Ogawa (perc), Marcelo Woloski (perc), Jason Thomas (dms), Larnell Lewis (dms), Jamison Ross (dms).
Label / Distribution : Groundup Music
D’où vient ce drôle de sentiment qui vous gagne à l’écoute d’un disque (ou d’un concert) de Snarky Puppy ? Pourquoi, à chaque nouvelle tentative d’immersion dans son univers, la frustration vous guette-t-elle ainsi ? C’est sans doute parce qu’on a tendance à attendre plus de cette musique qu’elle ne peut vous proposer en réalité.
Car, pour parler trivialement, ce collectif originaire de Dallas emmené par le bassiste Michael League (qu’on aime particulièrement pour le travail entrepris aux côtés de David Crosby, dans un tout autre style) est de ceux qui « mettent le paquet » pour vous bluffer. Il n’est que de voir la débauche de matériel du groupe sur scène, comme ce fut récemment le cas lors du récent Nancy Jazz Pulsations dans un Chapiteau de la Pépinière plein comme un œuf : surplombant le public, une véritable armée de claviers et de percussions, une douzaine de musiciens en action, pour un déferlement sans fausse note mâtiné de rock, jazz, soul, funk, blues. Tout ce qui fait la substance d’une grammaire musicale made in US parfaitement élaborée en studio et en public, marque de fabrique de ce drôle de « chiot hargneux ». Empire Central, double CD offrant seize compositions en hommage à la ville qui vu naître Snarky Puppy, est un nouvel avatar de cette assemblée virtuose, d’une précision clinique qu’on ne peut qu’admirer sur le papier et qui donne la priorité au « son de la musique ». Il n’est pas une intervention soliste qui ne soit engagée physiquement, le collectif avance comme une machine d’une redoutable puissance et pourtant…
Oui, pourtant. Peut-on, sans prendre le risque de se faire taxer de grincheux, oser dire qu’on reste la plupart du temps à côté de cette masse musicale qui, pour démesurée et ambitieuse qu’elle soit, navigue souvent dans les eaux d’un « easy listening » un tantinet ennuyeux ? On rêve parfois d’un projet musical qui serait politiquement moins correct, plus abrasif ou subversif. Il faudra chercher ailleurs. En attendant, Empire Central comme ses treize prédécesseurs depuis 2006, pourra vous accompagner tranquillement, sans vous déranger.