Chronique

Watchdog

Fables

Anne Quillier (p, kb, comp), Pierre Horckmans (cl, clb, fx, comp).

Label / Distribution : Pince Oreilles

Retour vraiment gagnant pour le duo Watchdog qui a récemment publié son quatrième album sur le label Pince Oreilles, après You’re Welcome (2016), Can Of Worms (2017) et Les animaux qui n’existent pas (2020). Cette fois, la pianiste claviériste Anne Quillier et le clarinettiste Pierre Horckmans ont à nouveau endossé leurs habits de narrateurs pour raconter de singulières (et souvent taquines) histoires en forme de Fables. Cette brève livraison (le disque dure à peine plus d’une demi-heure, c’est un peu frustrant tant « la musique est bonne ») n’en est pas moins pleine à ras bord de trouvailles et autres surprises sonores qui sont autant d’accélérateurs du temps qui passe et vous laissent dans cet état de jubilation si particulier, celui qui vous incite à plonger autant de fois que nécessaire dans son bain de jouvence.

On avancera, sans prendre le moindre risque de se tromper, l’idée d’un petit chef-d’œuvre d’invention poétique, tant il est vrai que la musique jouée par ces deux musiciens funambules est d’un genre assez indéfinissable. Watchdog crée son propre monde, onirique et malicieux. Ses compositions mêlent écriture et improvisation, accordant une grande importance aux ambiances élaborées et aux textures sonores que tissent le Fender Rhodes ou le Moog d’Anne Quillier dans une savante combinaison avec les clarinettes et les différents effets produits par son compagnon. On a un peu l’impression d’évoluer au beau milieu d’un conte, entre rêve et réalité, immergé dans un décor où l’on pourra croiser une Reine Rouge ou des Lapins Gloutons. Il faut être attentif au moindre détail et faire bien attention à ne pas déranger quelque petite créature qui pourrait surgir à tout instant sur votre chemin. Il y a du Tim Burton dans cette aventure musicale des plus attachantes.

Non seulement cette musique n’appartient qu’à elle-même – et c’est en soi une qualité extrêmement rare – mais elle possède en outre cette faculté si convoitée de vous surprendre encore et encore, y compris après des écoutes répétées. Ce dont vous ne vous priverez pas : faites l’expérience, non seulement vous n’en reviendrez pas mais vous n’aurez de cesse d’y retourner. Comprenne qui pourra !

par Denis Desassis // Publié le 31 mars 2024
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