Scènes

Stage NOLA – 24 octobre 2012, dixième jour

Avant-dernier jour à New Orleans. Tout s’accélère, et personne n’ose trop parler du départ prochain. Pierre-Yves part, lui, demain matin, un jour plus tôt que le reste du groupe.


Avant-dernier jour à New Orleans. Tout s’accélère, et personne n’ose trop parler du départ prochain. Pierre-Yves part, lui, demain matin, un jour plus tôt que le reste du groupe. Ce matin, quelques heures avec Helen Regis, chercheuse à l’université de NOLA et déjà auteure de plusieurs ouvrages sur la sociologie des second lines et tout ce qui s’y rapporte.

Voir Helen après les deux défilés vécus ce week-end est un privilège. Elle nous dévoile les « dessous », et ça m’intéresse beaucoup. Le défilé, samedi, des Black Men of Labor, jugé plutôt « traditionaliste », est un excellent élément de discussion. Helen connaît bien ce « social club ». Pendant deux heures, en excellent français, elle nous raconte des histoires de second lines. Des histoires de quartiers, d’esclaves qui s’émancipent et n’oublient pas les racines de leur mère Afrique, d’habitants noirs qui se serrent les coudes, de clubs qui passent des mois à récolter des fonds pour organiser leur second line, de Black Indians qui tricotent pendant des dizaines d’heures leur somptueux costume de Mardi Gras… Raconter tout ça, c’est raconter La Nouvelle-Orléans. Certaines photos à l’appui sont troublantes, touchantes. Katrina par exemple. Le retour des second lines début janvier 2006, dans des rues vidées de leurs habitants, partis se réfugier dans tout le pays. La folie dans les rues encore scarifiées par cette mortelle et dévastatrice montée des eaux. D’autres reviendront. L’appel des second lines ? Toujours est-il qu’aujourd’hui, tout le monde est d’accord sur le fait que New Orleans se relève de l’ouragan. De manière assez spectaculaire. Plus rien n’est comme avant. La ville s’appuie sur son histoire, et ça lui permet de repartir de l’avant.

L’après-midi, alors que la fatigue gagne certains, c’est Roger Lewis qui vient nous faire travailler au Chickie Wah Wah. 70 piges, petites lunettes, chapeau, barbe blanche et tête à jouer dans un film. J’oublie le principal : le saxophone baryton ! Roger est le leader du Dirty Dozen Brass Band. Qui d’après lui, aurait été fondé en 1976. Date contestée plus tard dans la soirée par le collègue de toujours, Kirk Joseph. Ah ces tontons flingueurs du groove… Roger n’est pas très en forme depuis trois jours. Il va pourtant nous donner une bonne leçon. Deux heures et demie à jouer et apprendre des chansons traditionnelles à l’oreille. Roger installe une ambiance spéciale, et j’adore cette séance de travail. Il nous met un peu la misère, et c’est trop bon de s’accrocher et d’aller dans son sens. Ça sonne ! J’enregistre tout. Nous visitons notamment un thème de « funeral » (joué à l’arrivée du défunt devant la tombe) que je trouve magnifique. A creuser et réécouter surtout. Merci Roger !

Avant notre dernier concert à New Orleans, à 19h, je pars en ville avec Jérôme faire quelques emplettes souvenirs. La balade est toujours aussi agréable et j’ai déjà un petit pincement au coeur. Cette ville vous donne envie de revenir, c’est terrible !

Je retrouve les gars au Chickie Wah Wah pour un petit set de 40 minutes. Trois groupes se succèdent ce soir au club. Dale, le patron new-yorkais de l’endroit, est un drôle de loulou, pas très souple. On joue bien ce soir, dommage de jouer si peu. Kirk Joseph arrive avec sa femme, trop tard. Il est déçu de nous avoir manqués, mais on passe quand même un bon moment avec lui à discuter, imaginer des retrouvailles en Europe (une tournée avec le Dirty ? on peut rêver non ?…). Un peu plus tard, Terence Higgins arrive lui aussi. Cravate et casquette hip hop, sapé comme un prince. Il joue au Chickie pour le troisième concert de la soirée, avec un sousaphoniste et un guitariste/chanteur. Un groove très doux ce soir pour Terence, qui éclabousse le trio de sa classe.

Demain matin, dernière master class avec le tromboniste Rick Trolsen.

Stay tuned !