Chronique

Stefanie Kunckler Ymonos

La Sortie Bleue

Raphael Ochsen, Stefanie Kunckler (b), Philipp Hillebrand (bcl), Raphael Ochsenbein (acc, tp), Demian Coca (p), Márcio de Sousa (dms)

Label / Distribution : Autoproduction

Avec le printemps, revient toujours la contrebassiste Stefanie Kunckler avec son fidèle orchestre Ymonos. Deux ans après Amateur, c’est donc aux côtés, notamment, de l’accordéoniste Raphael Ochsenbein qu’elle nous propose La Sortie Bleue. Un titre que ne découvriront pas ceux qui suivent la carrière de la contrebassiste suisse : elle avait déjà joué ce répertoire en solo à l’été 2021. La recette d’Ymonos paraît immuable. Le quintet aime à proposer une musique naturaliste et assez sensible, qui s’appuie tout autant sur le jeu très serein de Kunckler, mais aussi sur la capacité de ses compagnons à jouer avec l’abstraction. « Plangen », qui ouvre l’album, en est un bel exemple, avec le piano de Demian Coca, d’abord assourdi, qui se partage le travail mélodique avec l’accordéon.

Le pianiste est un nouveau venu dans l’orchestre, et il change considérablement l’approche globale d’Ymonos. Bien sûr, on conserve cette capacité à évoquer des paysages, à favoriser un axe très fort entre la contrebasse et la clarinette basse si expressive de Philip Hillebrand qui donne tant de rondeur à l’ensemble, mais Coca, d’origine bolivienne bien qu’installé depuis longtemps en Suisse, offre de nouvelles lignes de fuite et une approche presque debussyenne dans le très poétique « La Sortie Bleue », où son dialogue avec Kunckler est une formidable colonne vertébrale. Plus loin, il apportera aussi de la complexité avec un piano fugace et changeant, bien soutenu par la batterie de Márcio de Sousa qui s’attache davantage à sculpter le silence qu’à donner la pulsation (« Der Klang Der Zeit »).

Naguère habitée d’images évocatrices de paysages ou d’instants, la geste d’Ymonos se fait plus abstraite, s’attachant à la couleur, comme un monochrome où chaque déviation est un relief supplémentaire. La Sortie Bleue, paru uniquement en numérique, est un disque court et fort prometteur qui ouvre beaucoup de nouveaux horizons, notamment lorsque Ochsenbein troque son accordéon pour sa trompette dans un éclat soudain (« Rugav »). Une jolie surprise.

par Franpi Barriaux // Publié le 9 octobre 2022
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