Chronique

Trondheim Voices

Gjest Song

Label / Distribution : Hubro

On connaît le pianiste et compositeur norvégien Christian Wallumrød pour son univers entêtant et pointilliste. A coup de micro-variations, il bâtit des compositions brutes et bancales qui s’inscrivent dans la grande famille des musiques minimalistes et répétitives. Une musique de peu de notes où règnent l’épure et l’espace. Dans Gjest Song, on le retrouve dans son rôle de compositeur en compagnie du groupe vocal Trondheim Voices, composé exclusivement de voix féminines [1]. Ce groupe a déjà enregistré plusieurs albums en invitant à chaque fois un compositeur norvégien différent (Ståle Storløkken, Helge Sten, Eirik Hegdal ou Maja S. K. Ratkje) à lui écrire des musiques.

Dans Gjest Song, on retrouve la patte Wallumrød. Textures éthérées, infimes décalages, silences, sens de l’espace. Éloge de la lenteur. Sur certains morceaux, on croirait presque entendre des chants liturgiques ou médiévaux (l’introspectif « Open Aften » ou le superbe « Hei Morrow »). Sur d’autres, on est plus proche de la musique contemporaine (« Sixth Anneks », « Kor Somnolent », « Fishdance »). La mélodie s’efface au profit de vocalises élastiques entremêlées et improvisées collectivement. Sur d’autres encore, c’est du Wallumrød dans le texte (« Bygda Triads », « Sonic Mold »). En somme, Gjest Song ressemble à un cabinet de curiosités. Dépaysant.


Avec : Sissel Vera Pettersen (voc, dir), Tone Åse (voc), Natali Abrahamsen Garner (voc), Torunn Sævik (voc), Anita Kaasbøll (voc), Heidi Skjerve (voc), Ingrid Lode (voc), Marianna Sangita Røe (voc), Christian Wallumrød (comp)

par Julien Aunos // Publié le 19 mars 2023
P.-S. :

[1En 2015, il avait déjà composé pour un autre groupe local, le Trondheim Jazz Orchestra, institution norvégienne, sorte d’ONJ local.