Chronique

Tropical Jazz Trio

Alain Jean-Marie (p), Patrice Caratini (b), Roger Raspail (perc)

Label / Distribution : French Paradox

Ce trio de vétérans déboule en fanfare avec un album plein de fougue. Il a fallu toute la force de persuasion du jeune label French Paradox pour les amener à pousser la porte du studio de Meudon. Pari gagné. Les musiciens sont saisis d’un souffle alizéen : les deux Antillais, Alain Jean-Marie au piano et Roger Raspail aux percussions, fourbissent le vent qui fait se gonfler d’aise la contrebasse aérienne de Patrice Caratini. Ces trois-là se rencontrèrent dans les années soixante-dix aux côtés des Américains de passage dans l’Hexagone : Mal Waldron, Johnny Griffin, Lee Konitz… excusez du peu ! et s’étaient peu ou prou perdus de vue.
Via des compositions originales ou des standards (dont deux d’Horace Silver) qui prennent un supplément d’âme créole grâce aux mains magiques de Raspail, en particulier sur le tambour gwo-ka, ça joue avec une bonne dose de bluff, en toute honnêteté et malice, comme pendant cette partie de dominos à laquelle ils se livrent sur la photo de la jaquette intérieure. L’hymne communard « Le Temps des Cerises » se voit infliger un traitement quasiment vaudou sous l’effet des percussions, renforcé par un jeu sur les silences des plus convaincants. Ce n’est pas le moindre des mérites du Tropical Jazz Trio que de faire planer un soupçon de mystère tout au long de cet album.