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Edition du 23 avril 2024 // Citizenjazz.com / ISSN 2102-5487

Les dépêches

Une lettre ouverte de l’ARFI

Lyon, le 10/10/2008

  • Communiqué de presse -
    L’Arfi à Lyon, chiffres et réalités

Lors des débats sur les musiques actuelles en conseil municipal le 15 septembre dernier, relatés sur les sites LibéLyon (Libération) et de Lyoncapitale, l’Arfi aurait été citée par M. Emmanuel Hamelin (UMP) comme une structure bénéficiant des plus importantes subventions de la Ville alors que déjà très aidée, (notamment par la ville de Francheville ou France Culture).

Ces propos sont tellement loin de la réalité, qu’il nous semble indispensable aujourd’hui de resituer concrètement la place de notre structure musicale, à Lyon et ailleurs, et les moyens de son action.

Rappelons tout d’abord que l’Arfi (Association à la Recherche d’un Folklore Imaginaire) est le plus ancien collectif de jazz en France, 30 ans d’existence et d’ancrage à Lyon, une association qui fédère 14 formations musicales professionnelles, autour de 15 musiciens permanents, 50 artistes associés, 3 techniciens et 5 postes administratifs. Avec plus de 100 concerts par an, l’Arfi est reconnue en France et à l’étranger comme l’une des principales formations de jazz actuelles, saluée pour sa créativité (Django d’Or « Trophées Internationaux du Jazz » en 2003) et le dynamisme de son activité (34 répertoires, des actions pédagogiques, un label discographique). En raison de sa notoriété et de son rayonnement, le collectif est souvent considéré comme l’équivalent en Jazz, des grands orchestres de musique classique et des principales compagnies artistiques basés à Lyon. Nos musiciens sont en effet régulièrement invités à l’étranger comme autant d’ambassadeurs culturels de la Ville. Pour exemple les tournées du Workshop de Lyon et d’autres formations au Moyen Orient, en Afrique du Sud, au Brésil, en Allemagne dans le cadre du jumelage Lyon / Francfort, dans les pays Scandinaves… Ils sont également très présents à Lyon, notamment avec l’événement « Eclats d’Arfi » (12 concerts en 2007), et plusieurs actions auprès des publics scolaires.

En ce qui concerne les moyens financiers, le collectif est fier de fonctionner d’abord grâce à la vente de ses prestations, plus de la moitié du budget 2007, et ensuite seulement, grâce à des subventions. A ce titre, il est donc faux de considérer l’Arfi comme une structure déjà très aidée. C’est même l’une des rares structures musicales françaises, de stature nationale, à dépendre avant tout de ses propres forces et ressources. Bien sûr, comme toutes les compagnies de spectacle vivant, l’Arfi reçoit des subventions pour assurer son fonctionnement. Elles proviennent en 2007 de l’Etat (125 500 €) et de la Région Rhône-Alpes (45 000 €) dans le cadre d’une convention, mais aussi de sociétés civiles et mécènes (98 000 €) et, enfin, de la Ville de Lyon avec 9 500 €. Précisons ici que notre structure ne reçoit aucun soutien de la commune de Francheville, l’Arfi y a été en résidence mais le projet est terminé depuis plus d’un an, ni de la radio France Culture, sans doute confondu avec l’organisme Culturesfrance.

L’aide de la Ville représente donc aujourd’hui seulement 3 % du total de nos subventions et à peine plus de 1% du budget de la municipalité annoncé en faveur des musiques actuelles (1 million d’euros). A la lecture de ces chiffres, il apparaît donc dérisoire, pour ne pas dire déplacé, de considérer l’Arfi comme bénéficiant des plus importantes subventions de la Ville. D’autant plus que si on rapporte ces chiffres à la réalité des actions, on s’aperçoit alors que prés de 40 % de notre activité en 2007 bénéficie soit directement à la Ville (12 % de concerts) soit à l’image de celle-ci (28% de concerts à l’étranger).

A l’heure où l’idéologie ambiante pose de plus en plus souvent la question de la rentabilité des artistes et des oeuvres, discours que l’on sent poindre derrière certaines critiques, n’y a-t-il pas là, justement, décalage entre ce que pourrait « coûter » et « rapporter » l’Arfi dans sa ville ?

Loin de vouloir entrer dans ce tendancieux débat, le collectif préfère répondre encore en 2008 par la créativité de ses répertoires et le dynamisme de ses projets. Et il invite les habitants des quatre coins de la ville à venir partager son prochain événement « Eclats d’Arfi » du 19 au 22 novembre 2008, pour découvrir pas moins de 14 ciné-concerts et concerts, une création et un événement autour de la sortie nationale d’un Dvd pour enfants. Une belle fête sur le thème des croisements entre la musique et l’image, qui réunit pour la première fois à Lyon l’énergie, les moyens et la passion du cinéma le Comoedia, du club le Périscope, de la Galerie de photographie le Réverbère, du studio de film d’animation Folimage et de l’Arfi. (Dernière minute, Culture à l’Hôpital Saint Joseph Saint Luc nous rejoint également pour la journée du 20/11).