Chronique

Vincent Jourde & Joffrey Drahonnet

Flow

Vincent Jourde (ss), Joffrey Drahonnet (g)

Label / Distribution : Jazz Family

Quand on se saisit de ce disque, c’est une esthétique douce et enivrante qui s’empare de nous, à l’image du visuel réalisé par Rosalie Loncin. Pointe ici en effet un parti pris à la fois sobre et dépouillé dont le résultat est une savoureuse indolence. L’orchestration en duo entre un saxophone et un instrument harmonique est un grand classique et on trouve nombre de formations de ce type – souvent prestigieuses. A commencer par Marc Copland avec Dave Liebman ou encore Jerry Bergonzi avec Joachim Kühn – ce sont les duos que cite Vincent Jourde lorsqu’on le sollicite sur ce point. D’ailleurs le choix de l’orchestration détermine fortement la création puisque, selon lui, elle suppose une grande prise de risques en même temps qu’elle stimule. Et pour cause : moins on est nombreux, plus la place de chaque musicien est importante. Ce n’est donc pas une niche dans laquelle œuvrent Vincent Jourde et Joffrey Drahonnet et les deux musiciens ont su trouver une esthétique qui s’inspire sans imiter, ce qui n’est pas la moindre de ses qualités.

Joffrey Drahonnet avoue une admiration pour Tuck Andress et son jeu « pianistique », c’est-à-dire qu’il joue simultanément la ligne de basse, les accords et la mélodie. De fait, c’est presque un combo qui est assuré par les six cordes de la guitare. La technique donne du volume au projet et assure un support solide aux chorus de saxophone. Mais, si on la touche du doigt dans de nombreux morceaux, on peut l’apprécier plus complètement sur « Suis moi » où le guitariste y prend un long chorus sur ce mode trois-en-un.