Chronique

Who’s Happy

Hugh Coltman

Hugh Coltman (voc), divers musiciens

Label / Distribution : Okeh Records

Le chanteur… de blues… ? de jazz… ?… de pop ? prend plaisir à brouiller les pistes dans son dernier opus présenté sous le signe de la Nouvelle-Orléans. Il faut avouer qu’avec un son digne des meilleurs moments de la série Treme (l’album est d’ailleurs enregistré dans une église baptiste du quartier éponyme), Hugh Coltman a su réaliser un assemblage digne des meilleurs nectars musicaux de la capitale de Louisiane. Une basse jouée au soubassophone de-ci, des envolées d’une clarinette qui s’immisce façon menuet de-là, ou encore des incursions de violon façon quadrille par-ci, sans oublier cette pulsation nonchalante aux parfums caribéens par-là : le pari est réussi.
On se croirait dans la moiteur de la Crescent City et du bayou alentour, sur les traces de quelque enquêteur musical entre tragédie et joie, ne serait-ce que grâce à la construction remarquable de l’ensemble du disque (alternance de compositions marquées par l’effervescence collective façon marching band et de propositions introspectives entrecoupées de quelques plages bluesy voire rock’n’roll façon Fats Domino). Certes, la présence d’authentiques musiciens de la ville est pour beaucoup dans cette efficacité scénaristique. Tout se passe comme si cet Anglais francophile avait trouvé là-bas, vers l’embouchure du Mississippi, quelque raison d’être.
Non sans jouer des codes de l’identité musicale trop souvent stéréotypée de ce foyer du jazz : avec un humour délicieusement british, ce contre-crooner développe quelque propos pop à l’anglaise, ou bien projette sa voix dans un registre qui sait se faire mâle sans être machiste, allant jusqu’à laisser traîner quelques nasales faussement yankees. Ce faux romantique offre alors quelque chose d’une musique de l’aube.