Chronique

Avishai Cohen Trio

Shifting Sands

Avishai Cohen (b), Elchin Shirinov (p), Roni Kaspi (dm)

Label / Distribution : Naive

Avec Shifting Sands, Avishai Cohen nous propose un disque majeur dont l’inventivité rythmique nous révèle des climats empreints de subtilité.

D’emblée, avec « Intertwined » qui ouvre l’album, c’est l’énergie interactive du trio qui nous absorbe et ne cesse de nous étonner. « The Window », qui suit, révèle le talent mélodique d’Elchin Shirinov qui improvise avec détermination. « Dvash » a cette faculté de mêler un contrepoint à la mélodie qui s’inscrit dans la lignée de Bach tout en mettant en valeur la virtuosité d’Avishai Cohen à la contrebasse ; ici s’inscrit alors l’évidence de notes essentielles. « Joy », aux sonorités orientales dansantes, est un écrin pour Roni Kaspi qui déploie son inventivité avec fougue et maestria. « Blow » apporte une couleur particulière et nous démontre combien l’entente des trois instrumentistes est formelle. Toute la finesse harmonique du trio se révèle alors, comme dans « Shifting Sands » qui donne son titre à l’album. Nous sommes proches des climats majestueux inscrits naguère par le trio Humair, Couturier, Celea ; d’ailleurs le son d’Avishai Cohen est un véritable régal pour l’oreille, quant à l’utilisation maîtrisée de l’archet, elle se révèle pleinement sur « Cha Cha Rom ». « Hitragut », empreint d’une certaine nostalgie, démontre la délicatesse du jeu pianistique d’Elchin Shirinov. Avec « Video Game », l’échange crescendo entre le piano et la contrebasse atteint son apogée, une dynamique sans faille s’exprimant harmonieusement. L’album se referme avec « Kinderblock », le piano développant une mélodie orchestrale, bientôt rejoint par la contrebasse et le jeu des balais qui effleurent les peaux de la batterie.

C’est un album sans faille que nous venons de découvrir, habité de compositions envoûtantes. L’écoute mutuelle prime, de la benjamine d’une vingtaine d’années au leader quinquagénaire, nous démontrant que le jazz se joue des générations ; mais la véritable clé de voûte de cette formation majeure demeure le pianiste azerbaïdjanais Elchin Shirinov.