Chronique

Baker, Hunt, Heinemann

Horizon Scanners

Jim Baker (p), Steve Hunt (d), Jakob Heinemann (b).

Label / Distribution : Clean Feed

Deux fiers vétérans de la scène free jazz et musiques improvisées de Chicago : le pianiste Jim Baker et le batteur Steve Hunt. Un peu de jeunesse avec le contrebassiste Jakob Heinemann, tout juste trentenaire mais déjà pourvu d’un CV riche de collaborations prestigieuses. Une forme canonique, ancestrale, du jazz.

Dans les imaginaires un peu trop peuplés d’images d’Épinal – pour ne pas dire de clichés tenaces – l’univers du piano trio de jazz renvoie facilement à une forme de sentimentalisme délicat et soyeux, bande-son pour chandelles scintillant dans un halo flou.

Tel n’est pas le cas ici. On ne trouvera pas vraiment d’incursions dans le genre des douceurs sus-mentionnées ; les sentiers empruntés relèveraient davantage de l’aventureux rêche. Ça frotte, ça gratte, ça feule et, au bout du compte, ça captive.

Horizon Scanners tient du disque sauvage, voire un peu inquiétant aux premières écoutes, avant de finalement réussir à apprivoiser l’auditeur, et même à le retenir captif.

Dans la belle tradition de l’avant-garde chicagoane, l’espace est équitablement réparti entre les voix. Nulle mise en vedette. Chacun tire son épingle d’un jeu à la complexité espiègle pour une musique chercheuse, stimulante, dont le label Clean Feed nous gratifie régulièrement depuis le presque quart de siècle de son existence.

par Aymeric Morillon // Publié le 27 avril 2025
P.-S. :