Being Ava Mendoza
La guitariste américaine livre ses secrets de matériel mais garde ceux de fabrication.
The American guitarist gives away her gear secrets but keeps her making secrets
Ava Mendoza © Laurent Orseau
Que ce soit sur scène ou sur disque, et même en vidéo sur internet pour des sessions dites « de confinement », la guitariste Ava Mendoza n’utilise pas une tonne de matériel pour obtenir le son si reconnaissable et si riche qui est le sien. Elle partage ici le détail de son matériel de studio et de scène.
Revue de détail pour spécialistes !
Guitarist Ava Mendoza doesn’t use a lot of tools to produce the distinct, full sound that is uniquely hers, whether it be on stage, in recordings, or even in online videos for so-called « lockdown » sessions.
She reveals the specifics of her stage and studio setup to us.
A sophisticated review for experts !
Texte français
- « Electric Ava Mendoza » © Tara Keogh
Ava Mendoza, quels types de réglages, de cordes, de pédales utilisez-vous sur le disque New Spells et sur scène ?
J’utilise une Fender Jazzmaster sur tout ce qui est sur ce disque.
Elle est équipée de cordes D’addario 11-52. J’utilise des médiators assez lourds, des D’addario Duralin 1.2 ou 1.5 selon ce que je fais, et je fais des hybrides avec mon majeur et mon annulaire. Et je porte des faux ongles en acrylique assez lourds, haha ! Cela peut sembler idiot mais c’est important, car c’est ce qui touche l’instrument.
Un jour, j’ai dit à une amie non musicienne que je préférais les ongles en acrylique du salon de manucure aux ongles emballés du magasin, parce qu’ils ont un bien meilleur son, plus gros, à la guitare. Elle a failli mourir de rire.
Mais c’est vrai ! C’est la façon dont je touche l’instrument qui me permet d’obtenir un son rond - grâce aux médiators lourds et aux ongles, j’obtiens un son dense dans les médiums graves, sans beaucoup d’aigus. Et quand je le veux, je peux obtenir une attaque forte.
Ensuite, j’ai une pédale d’overdrive Joyo American Sound pratiquement tout le temps. Elle est bon marché mais très performante et possède beaucoup de dynamique - elle ressemble à l’overdrive d’un ampli Fender ’57 Deluxe. Elle réagit vraiment en fonction de mon jeu léger ou dur, ce qui me permet d’obtenir des sons quasiment propres ou vraiment sales en fonction de l’intensité avec laquelle j’enfonce les cordes. Ces pédales sont aussi d’excellents préamplis si on veut enregistrer directement dans un interface/ordinateur sans ampli, ce dont je parlerai dans une minute.
Ensuite, j’ai une pédale de feedback Digitech Freqout. J’adore travailler avec le feedback mais je n’ai pas toujours envie de jouer à un volume élevé selon le réglage. Cette pédale a vraiment changé la donne pour moi - on peut obtenir un feedback très naturel à n’importe quel volume, si faible soit-il.
On peut également régler différents partiels harmoniques. Donc la fondamentale, l’octave supérieure ou la sous-octave, ou une partielle supérieure. Cela peut devenir vraiment fou et psychédélique, en faisant ressortir les 3e et 5e harmonies etc., ou bien subtil et à peine perceptible. Presque tout le feedback sur le disque vient de cette pédale.
Pour des choses plus intensément distordues, comme sur « New Ghosts », j’utilise une overdrive MXR EVH 5150. Comme vous pouvez le deviner d’après son nom, elle est vraiment lourde et a un son beaucoup plus moderne. Elle dispose également de possibilités d’égalisation très variées que vous pouvez régler. Je la place avant le Joyo dans ma chaîne de pédales : de cette façon, le Joyo vient après et colore le timbre de la pédale MXR - on obtient la même lourdeur et la même sculpture de l’égalisation qu’avec la MXR, mais colorée par les qualités du Joyo, plus vintage, plus organique et « à lampes ».
Ma sonorité de base, donc, c’est la Jazzmaster avec des cordes moyennement lourdes, passant dans l’overdrive Joyo et le feedbacker Digitech Freqout. Après cela, j’ai un freeze et un tas de delays dont je ne parlerai pas trop ici, tous pour des effets de glitch, de drone et de boucle.
J’ai tout enregistré à la maison pendant le confinement de la pandémie. Je n’ai donc pas utilisé d’amplis, car ma propriétaire vit juste en dessous de chez moi !
Mais il faut que je vous parle des amplis, bien sûr ! Et en ce qui concerne les amplis, l’enregistrement de New Spells a été une sorte de révélation pour moi.
Sur la plupart des morceaux, j’utilise deux canaux, parce que j’ai des delays stéréo, chacun vers ses propres préamplis Joyo American Sound, puis vers mon interface et mon ordinateur. J’ai trois pédales Joyo, j’en utilise une comme overdrive et deux comme préamplis quand j’enregistre. J’ai donc pu tout enregistrer dans mon salon et obtenir un son dont j’étais satisfaite à 85 %. Ensuite, j’ai emmené ce fichier audio dans un studio et je l’ai ré-amplifié. Le ré-amplification existe depuis longtemps, depuis l’époque de la musique concrète de Pierre Schaeffer et d’Edgar Varese, mais dans le monde de la guitare moderne, c’est sur les disques de métal qu’on la rencontre le plus fréquemment. Après avoir obtenu mon enregistrement maison, je l’ai apporté dans un studio et l’ai fait jouer dans un nouvel ampli de guitare, et nous avons réenregistré le son de l’ampli ainsi que l’ambiance de la pièce, etc. Un Fender Hot Rod Deluxe, et un vieux Fender Vibro Champ.
Lorsque je joue en concert, l’ampli joue bien sûr un rôle important dans mon son ! J’utilise un Fender Blues Deluxe ou un Fender Hot Rod Deluxe, parce que j’aime leurs basses volumineuses. Quand je joue en solo, j’utilise généralement des amplis stéréo, à la fois pour mes delays stéréo et parce que j’aime y régler différentes sonorités. Cette année, j’ai commencé à utiliser un seul ampli guitare et un seul ampli basse, un Aguilar Tonehammer 500 avec un petit baffle. De cette façon, j’obtiens beaucoup de basses et cela ajoute une autre dimension à tout, depuis les basses des trucs de contrepoint en fingerstyle que je fais, jusqu’à la puissance pure des basses sur les trucs plus sonores.
- De combien de guitares différentes jouez-vous et comment les choisissez-vous en fonction du projet ?
À l’heure actuelle, j’ai trois guitares que je peux emmener en concert, même si je n’en utilise qu’une seule.
- Ava Mendoza & Novo Guitar, Jazzfest Berlin 2021 © Gérard Boisnel
La première est ma Jaguar reissue, que j’ai depuis 2009 et qui a été ma guitare principale la plupart du temps. C’est un modèle assez basique, mais j’ai remplacé les micros et mis un tremolo Mastery.
L’autre est la Jazzmaster que j’ai utilisée sur New Spells. C’est une guitare Fender Custom Shop, beaucoup plus sophistiquée, et elle est vraiment douce, avec beaucoup de mordant en cas d’overdrive.
Puis, il y a environ un an, j’ai pu entrer en contact avec les gens de Novo Guitars. C’est une nouvelle entreprise fantastique de Nashville. Le nom du fabricant est Dennis Fano. J’ai réussi à obtenir un contrat d’artiste avec eux, et la guitare est donc personnalisée. Sa longueur de manche est de 24,75", donc un peu plus courte qu’une Jazzmaster, mais plus longue qu’une Jaguar. C’est idéal pour ma taille et la taille de mes mains. Elle est équipée d’un P-90 au niveau du chevalet et d’un micro Ronin fantaisie au niveau du manche.
English text
- « Electric Ava Mendoza » © Tara Keogh
- What kind of settings, strings, pedals do you use for the New Spells record and on stage ?
I use a Fender Jazzmaster on everything on that record. It has 11-52 D’addario strings on. I use pretty heavy picks, D’addario Duralin 1.2 or 1.5 depending what I’m doing, and I hybrid pick using my middle and ring fingers. And I wear kind of heavy acrylic fake nails, haha ! It may sound silly but it’s important, because it’s what’s touching the instrument.
I once told a non-musician friend that I like acrylic nails from a nail salon better than the packaged nails that you buy in a corner store, because they have a way better, fatter tone on guitar. She almost fell over laughing.
But it’s true ! How I touch the instrument is how I get the round tone— because of the heavy picks and nails, I get a low-mids heavy tone without a lot of highs. And when I want to, I can get a strong attack.
Then I have a Joyo American Sound overdrive pedal on almost all the time. It’s cheap but excellent and has lots of dynamics— it’s supposed to be like the overdrive from a Fender ’57 Deluxe amp. It really responds depending on if I play light or hard, so I can get almost-clean, or really dirty tones depending on how much I dig into the strings. These pedals are also great preamps if you want to record direct into your interface/computer without an amp, which I’ll talk about it in a minute.
Then I have a Digitech Freqout feedback pedal. I love working with feedback but I don’t always want to play at a high volume depending on the setting. This pedal has really been a game changer for me— you can get very natural sounding feedback at any volume, no matter how quiet. You can also dial in different harmonic partials. So the fundamental, octave up or sub-octave, or a higher partial. It can get really crazy and psychedelic sounding, bringing out 3rd and 5th harmonies etc, or it can be subtle and barely noticeable. Almost all the feedback on the record comes from that pedal.
For more intensely distorted things, like on « New Ghosts », I use an MXR EVH 5150 overdrive. As you’d guess from the name, it’s really heavy and much more modern sounding. It also has has some really varied EQ possibilities you can dial in. I put the MXR before the Joyo in my pedal chain, which is important. That way the Joyo comes afterward and colors the timbre of the MXR— you get the heaviness and EQ sculpting of the MXR pedal, but colored by the Joyo’s more vintage, tube-y, organic qualities.
My basic tone, I would say, is the Jazzmaster with medium heavy strings, going into the Joyo overdrive and the Digitech Freqout feedbacker. After that I have a freeze pedal and a bunch of delays and that I won’t get into too much here, all for glitch and drone and loop effects.
I recorded everything at home during pandemic lockdown. So I didn’t use any amps, because my landlady lives right underneath me !
But I should mention amps of course ! And as far as amps, recording New Spells record was kind of a revelation for me. On most tracks I use two channels, because I have some stereo delays, each into its own Joyo American sound preamps, and then into my interface and computer. I have three of the Joyo pedals, and I use one as an overdrive and two for preamps when I record. So, I was able to record everything in my living room and get a sound that I was about 85% happy with. Then, I took that audio into a studio and re-amped it. Re-amping has been around for a long time, since the Pierre Schaeffer and Edgar Varese musique concrete days, but it happens more commonly on metal records in the modern guitar world. After I had my home-recorded audio, I took it to a studio and played it thru a new guitar amp, and we re-recorded the amp sound along with the room ambience etc. One Fender Hot Rod Deluxe, and one old Fender Vibro Champ.
I should mention that when I play live, of course the amp is a big part of my sound ! I use a Fender Blues Deluxe or Fender Hot Rod Deluxe, because I like their chunky low end. When I play solo I usually use stereo amps, both for my stereo delays and because I like dialing in different tones on them. This year I started using one guitar amp and one bass rig, an Aguilar Tonehammer 500 with a small cab. That way I get loads of low end and that adds another dimension to everything, from the low end of the fingerstyle counterpoint stuff I do, to sheer bass power on the more sonic/soundscape things.
- How many different guitars do you play and how do you choose them according to the project ?
At this point I have three guitars that I play on gigs, although I really mostly use one.
- Ava Mendoza & Novo Guitar, Jazzfest Berlin 2021 © Gérard Boisnel
One is my Jaguar reissue, which I’ve had since 2009 and has been my main axe for most of that time. It’s a pretty basic model, but I swapped out the pickups and put a Mastery tremolo on.
The other is the Jazzmaster I used on New Spells. It’s a Fender Custom Shop guitar, much fancier and is really smooth and chime-y with plenty of bite if overdriven.
Then about a year ago I was able to connect with the folks at Novo guitars. They are a fantastic newer company out of Nashville. The builder’s name is Dennis Fano. I managed to get an artist deal with them, and so the guitar is personalized. Its neck length is 24.75”, so a little shorter than a Jazzmaster, but longer than a Jaguar. It’s ideal for my height and hand size. It has a P-90 in the bridge and a fancy Ronin pickup in the neck. So now I’m kind of in love with that guitar, and it’s almost all I play. It’s made of really light pine, so carrying it around on tour or playing long sets with it is much easier on my back. My Jaguar is a few pounds heavier with all the switches and denser wood, and it had really started to hurt to tour with it.
So basically, the Novo is my baby at this point, and it’s hard for me to switch to anything else because I’m so comfortable with weight and neck length.