Chronique

Sylvain Rifflet

aux anges

Sylvain Rifflet (ts, shruti-box), Verneri Pohjola (tr), Philippe Gordiani (g), Benjamin Flament (perc)

Dans la lignée de son projet Troubadours, dont les mélismes modaux résonnent encore, Sylvain Rifflet propose avec aux anges une ouverture esthétique qui s’appuierait sur cette modalité inspirée de la musique médiévale, mais qui aurait trouvé - philtre de jouvence ou magie noire - un second souffle dans une renaissance électro-acoustique.
Même si la shruti-box est toujours aux côtés du saxophoniste pour quelque bourdon guide-file, le quartet s’électrise et les compositions lorgnent vers un genre bien plus énergique et coloré.
Verneri Pohjola, qui collabore régulièrement avec le saxophoniste, plante quelques banderilles électroniques de-ci de-là tandis que Philippe Gordiani alterne accords doux et secs avec des criardises rock à la guitare.

Les sons reposent en grande partie sur les couleurs rythmiques : cliquetis de boite à musique, percussions maison de Benjamin Flament, sonorités électroniques. Cette musique pétille, étincelle même. Elle respire, on sent le souffle entre les notes. Ce qui émeut le plus, c’est le son rond du saxophone de Sylvain Rifflet, décidément de plus en plus assuré et inventif. L’association avec la trompette de Pohjola est d’une évidence musicale à la limite de la magie.

Avec ce disque, le saxophoniste propose une couleur musicale tout à fait personnelle, qui emmène l’auditeur.rice dans une rêverie particulière où nos repères semblent effacés et remplacés par des signes ésotériques tracés par le compositeur.
On sait aussi avec quelle force émotionnelle le groupe se produit sur scène, et n’en sort qu’après avoir épuisé tous les rappels.
On ne sait si le disque s’adresse aux anges, mais nous y sommes, aux anges.

par Matthieu Jouan // Publié le 27 février 2022
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