Chronique

Ben Sidran

Swing State

Ben Sidran (p), Billy Peterson (b), Leo Sidran (dm)

Label / Distribution : Nardis

On avait un peu trop vite oublié que le pianiste Ben Sidran, désormais âgé de 78 ans, est un jazzman de première classe. Là, il remet les pendules à l’heure en déployant un répertoire « middle-jazz » sans effets de manche. Simple. Basique. Avec un bon sens de l’humour dans le titre du disque : un « swing state » c’est aussi l’un de ces Etats où se joue l’élection présidentielle américaine et l’on sait ce musicien et musicologue averti fin critique des orientations politiques de son pays. Avec aussi un respect infini pour des standards éternels comme « Ain’t Misbehavin’ » ou « Tuxedo Junction » : là, c’est le swing… en l’état ! L’interplay avec son fidèle contrebassiste Billy Peterson (près d’un demi-siècle de compagnonnage musical) et son fiston Léo Sidran à la batterie a des accents qui ne sont pas sans rappeler le légendaire trio d’Ahmad Jamal avec Israël Cosby (contrebasse) et Vernell Fournier (batterie), notamment dans la recherche d’un groove lancinant. De fait, les arrangements originaux proposent des changements de tempo (« Over the rainbow » swingue méchamment), quand ils ne lorgnent pas vers une forme de Rhythm’n’Blues archaïque (appogiature sur « Stompin’ at the Savoy »). Saluons donc l’éternelle jeunesse d’un troubadour des musiques authentiques d’Amérique du Nord au service du seul état qui compte.

par Laurent Dussutour // Publié le 25 septembre 2022
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