Chronique

Kartet

Jyvälaskylä

Benoît Delbecq : p, sampler ; Hubert Dupont : b ; Guillaume Orti : as ; Chander Sardjoe : d

Label / Distribution : Naive

Pour fêter les 10 ans de Kartet, Benoît Delbecq et ses acolytes sont allés enregistrer en Finlande leur quatrième album, dont la majorité du répertoire est constitué de morceaux écrits par Guillaume Orti ou commandés à des compositeurs (Ducret, Payen, Zimmerli). Le résultat étonne. On ne rentre pas facilement dans ce disque, et de prime abord on peut-être rebuté par l’absence d’un thème marquant, d’un coup d’éclat. On peut même ne trouver dans tout cela qu’ennui et monotonie. Au contraire, à y regarder de plus près, on se trouve en présence d’une musique extrêmement singulière, qui suggère plus qu’elle explique. Par rapport aux précédents opus du groupe, un pas de plus semble avoir été franchi dans l’abstraction, la nuance. Les tempos sont alanguis, comme en suspens, les morceaux étirés et donnent l’impression de vouloir conquérir de grands espaces. Sans doute est-ce du aux paysages et aux ambiances nordiques qui ont inspirés les musiciens. Aucun effet donc dans Jyvälaskyä, mais des voix qui se complètent, qui se cherchent, s’envolent pour mieux atterrir en douceur. Entre le saxophone aérien d’Orti ( qui creuse depuis quelques années, un des sillons les plus fertiles et originaux sur cet instrument ), le piano pointilliste de Delbecq, la batterie toute en percussion de Sardjoe et la contrebasse discrète de Dupont il existe une osmose totale et une volonté de ne faire qu’un entre un thème et une improvisation. Cela donne un très bon disque, dont la musique en apesanteur est à recommander aux personnes qui souhaitent se surprendre et écouter des musiciens pleinement novateurs.