Ravel et le Jazz
Anglet, Théâtre Quintaou, Scène Nationale du Sud Aquitain, 23 mars 2017
Lionel Belmondo, arrangements, sax ténor et soprano ;
Stéphane Belmondo, trompette, bugle ;
Jacky Terrasson, piano ;
Thomas Bramerie, contrebasse ;
Lukmil Perez, batterie, percussions ;
Orchestre National de Bordeaux Aquitaine, sous la direction de Bastien Stil.
De Goldkette (Jean) à Haden (Charlie), en passant par Bix, Bird, Chet, Clifford, Getz, et autres Art Pepper, tant de grands noms jaillis de nos bréviaires ont tenté l’aventure. Ou succombé à la tentation ? Tentation des cordes. Tentation du luxe. Richesse harmonique, complexité, palette sonore, que de bonnes raisons…
Mais aussi cette quête irrépressible de légitimité artistique et culturelle en des temps cloisonnés. Promesse de « caution classique », synonyme de respectabilité, la section de cordes laisse alors miroiter chute des barrières, des étiquettes, et l’espoir d’une universalité enfin reconnue.
Signe des temps (heureux), on se plait à croire cette universalité acquise lorsque l’Opéra National de Bordeaux renverse les rôles et invite le quintette de jazz à revisiter Ravel, mais aussi Satie et Debussy, pour un hommage qui ne cache rien de ses objectifs : éclairer l’auditeur sur la compréhension et la fascination des géniaux compositeurs français du début du XXe pour le langage nouveau né avec le siècle.
La plume d’arrangeur de Lionel Belmondo ne pouvait rêver meilleur terreau au terme d’une longue réflexion sur les liens entre jazz et musique « savante ». Quintette et orchestre se mêlent au service de pièces pour piano prenant ici pour la première fois dimension orchestrale. Démonstration lumineuse tant le langage des uns s’intègre à la forme des autres, à ne plus retrouver desquels naquit l’œuvre.
Sobrement intitulé « Ravel et le Jazz », ce merveilleux voyage aux origines suggère néanmoins par son sous-titre, « Take Jazz Seriously », que rien ne saurait être définitivement acquis. Mais avec quel talent certains y travaillent !