Chronique

Brian Blade and the Fellowship Band

Body and Shadow

Brian Blade (dms), John Cowherd (p), Chris Thomas (b), Myron Walden (as, bcl), Melvin Butler (ts), Dave Devine (g).

Label / Distribution : Blue Note

Brian Blade & the Fellowship Band a soufflé ses 20 bougies en 2017 et nous offre pour l’occasion son cinquième album. Une ode à la lumière, qui révèle l’ombre, comme le représente la magnifique pochette de ce Body and Shadow.

Les titres sont signés Brian Blade et John Cowherd, vieux compagnons de route depuis plus de trente ans, et membres fondateurs de ce groupe qu’ils considèrent comme un instrument collectif. Aux côtés de Chris Thomas, Myron Walden et Melvin Butler, s’ajoute ici Dave Devine. L’ouverture du disque se veut lumineuse et aérienne, avec « Within Everything », un titre qui célèbre le caractère unique de chaque être, qui par sa propre lumière vient irradier le monde. Brian Blade signe la composition « Body and Shadow » qu’il décline en trois variations : « Noon », « Morning » et « Night », trois différentes approches d’une même idée, à partir de la même trame mélodique. Tandis que John Cowherd prétend avoir écrit « Traveling Mercies » loin de tout instrument, dans un car, à l’aide d’une application. Une première pour lui, qui donne au morceau une humeur de voyage.

Tout en finesse, Body And Shadow se dévoile délicatement et nous invite à une authentique présence, à prendre un bain de musique comme on prend un bain de soleil, dans un état d’abandon. Quelque chose de religieux se dégage de l’album, c’est particulièrement saisissant sur « Have Thine Own Way, Lord », inspiré des paroles d’un gospel : Tu es le potier, je suis l’argile. La soumission sereine est, selon Brian Blade, l’épreuve qu’exige la musique.

Aucune tentative ici d’épater la galerie avec une virtuosité que chaque musicien pourrait pourtant mettre en avant sans sourciller. La musique est unifiée ; elle paraît simple, et c’est sans doute la plus grande des virtuosités. Un album filant, fragile, éphémère, une brève méditation sur le clair-obscur, qui laisse une empreinte, quelque part, aussi puissante et furtive qu’une ombre qui passe.