Chronique

Ron Miles

I Am A Man

Ron Miles (cnt), Brian Blade (dm), Bill Frisell (elg), Jason Moran (p), Thomas Morgan (b)

Label / Distribution : Yellowbird

Avec un tel groupe, ce nouvel album de Ron Miles ne pouvait qu’exciter notre curiosité. Puisant son inspiration aux racines du blues, du jazz et de la condition des Africains-Américains, le cornettiste signe un album où la revendication et l’affirmation se font dans la douceur et la complexité, avec intelligence, sans rage. Plaçant l’identité humaine au-delà de l’Africain-Américain - I Am A Man -, Ron Miles souhaite offrir une vision apaisée de ce que peut être l’humanité à laquelle il aspire.

L’album baigne dans des atmosphères calmes et douces, favorisant les échanges réfléchis et profonds, laissant le temps de la réflexion aux musiciens pour créer des dialogues perpétuels. C’est fin, joliment ciselé, comme une dentelle musicale. Chaque musicien apporte sa touche personnelle à cette œuvre collective qui tire sa réalité du lien fort entre les instruments. Pas d’esbroufe ici, tout est subtil, avec toujours ce qu’il faut de retenue pour ne pas venir occulter le travail commun : les lignes viennent s’associer avec douceur. Il n’est pas question de confrontation ici, mais d’un travail de fondu de l’individuel dans le tout. Cette construction demande une écoute attentive de la part de l’auditeur pour bien sentir ce qui se joue. Mais la limite de cet album est peut-être dans cette trop grande homogénéité, cette absence de fulgurance : seuls « Revolutionary Congregation » et « Jasper » semblent venir couper un peu cette légère monotonie qui s’installe sur la longueur (l’album dure près d’une heure). Il manque cette étincelle qui viendrait finir de nous enthousiasmer. I Am A Man n’en reste pas moins un très beau disque que l’on goûte avec plaisir au fil des écoutes.