Chronique

AnTi RuBber brAiN fAct0rY

Reynas del Mediterraneo

Yoram Rosilio (b, lead), Xanthoula Dakovanou (voc), Maki Nakano (as, perc), Florent Dupuit (ts, fl, piccolo, perc), Benoit Guenoun (ts, ss, fl, perc), Paul Wacrenier (org, vb), Stef Maurin (g), Eric Dambrin (dms)

Label / Distribution : Le Fondeur de Son

Voilà 10 ans que l’AnTi RuBber brAiN fAct0rY (ARBF), portée par Yoram Rosilio, a vu le jour. Ce collectif en mouvement perpétuel redistribue les cartes pour chaque album, et de cette fraîcheur naît une musique révolutionnaire et puissante, tant sur le fond que sur la forme.

Le vivier des recherches artistiques de l’orchestre a toujours été le dialogue entre les musiques traditionnelles et le jazz, dans une dimension libre et expérimentale. Enregistré en novembre 2015 à L’Anis Gras, « Reynas del Mediterraneo vol. 1 » poursuit ce dialogue et immortalise la rencontre entre la musique improvisée et le Rebetiko [1]. Aux côtés de la chanteuse Xanthoula Dakovanou, l’ARBF livre ici un album qui se distingue des précédents par son côté plus sage et plus accessible, mais qui s’inscrit pleinement dans la discographie de l’orchestre où l’on retrouve cette énergie qui n’est pas sans rappeler - à chaque fois - celle des grands ensembles de Mingus.

L’ARBF relie des voies plus proches qu’il n’y paraît, et par la musique nous offre une lecture claire de cette histoire méditerranéenne peu connue. La témérité de l’AnTi RuBber brAiN fAct0rY offre un cadre qui régénère ses chants d’exilés et nous les rend plus familiers. L’orchestre s’inspire également des structures de cette musique comme en témoignent deux compositions originales de Yoram Rosilio construites notamment sur le rythme 9/4 du zeïbekiko.

Le pari du label Le Fondeur de Son (LFDS Records) sur lequel l’ARBF sort ce septième album consiste à conserver une intégrité artistique tout en ayant l’ambition de toucher un public aussi large que possible. Et il s’agit du premier volume d’une série à venir, consacrée aux voix féminines de l’espace méditerranéen. Autrement dit, l’aventure ne fait que commencer.

par Raphaël Benoit // Publié le 9 décembre 2018
P.-S. :

[1Musique traditionnelle issue des « mangkès », ces milliers de réfugiés grecs, arméniens et juifs chassés de chez eux lors de l’échange de population entre la Grèce et la Turquie en 1922.