Chronique

Carine Bonnefoy Large ensemble

Tribal

Label / Distribution : EtceteraNOW/CODAEX

Ceux qui ont eu l’occasion de voir et d’entendre cette grande formation de 17 musiciens n’en sont pas encore revenus (comme moi) ou bien sont carrément passés à côté (au festival « Jazz sous les Pommiers » de Coutances en 2009). Dispositif impressionnant, pointures aux pupitres, solistes d’envergure, talents de compositrice, d’arrangeuse, de claviériste et de chef d’orchestre reconnus, toutes les conditions étaient réunies pour qu’on s’enthousiasme suite aux enregistrements existants, Something to Change (2004) et surtout Outre-terres (2007, Django d’or/Prix SACEM de la Création).

Nous sommes indéniablement en présence d’un univers musical personnel, aux multiples facettes (et influences) inventives qui place Carine Bonnefoy parmi les plus grand(e)s. J’éviterai la comparaison avec Maria Schneider, trop fréquente et qui doit, je suppose, autant l’agacer que la ravir, mais elle se situe bien de ce côté de l’excellence, comme sa consœur belge Myriam Alter (écouter à ce propos son disque Where is There). Architecture savante, imbrication/enchevêtrement des rythmes, densité/fluidité, ambivalences clarté/complexité, raffinement, couleurs flamboyantes avec notamment l’apport des trois voix (Nelly Lavergne, Déborah Tanguy, Jean-Luc Di Fraya, ce dernier étant également percussionniste).

La plage inaugurale, « Tribal », et « I Tai » (la septième) célèbrent, dit Carine, la quête intime de ses racines polynésiennes, qu’on peut regretter de ne pas retrouver dans les six autres compositions ; « Soul Edge » et « Inner Dance » mettent notamment en valeur ses dons de pianiste, ainsi que le talent du guitariste Frédéric Favarel, remarqué récemment sur le Windmills de Stéphane Guillaume et toujours impérial lors des ses interventions dans ce contexte. Intense moment poétique avec la plage finale « A l’aube », surtout pour les solos de Damien Verherve au trombone et de Stéphane Chausse à la clarinette).

Je citerai pour conclure un extrait du beau texte de Stéphane Carini : « Laissez-vous happer par cette inventivité, cette pensée musicale sans cesse en éveil… »

Demeure cependant une légère déconvenue par rapport au concert : la magie du « direct » ?

par Jacques Chesnel // Publié le 7 juin 2010
P.-S. :

Carine Bonnefoy Large ensemble : Carine Bonnefoy comp, arr, dir, p, perc ; G. Boclé cb ; André Charlier dr, perc ; Fr. Favarel g ; Claude Egea tp , bugle ; J.-J. Justafré cor ; D. Verherve tb ; St. Guillaume s alto, fl ; St. Chausse s alto clar ; N. Lavergne vc ; D. Tanguy vc ; J.-L. Di Fraya vc, perc ; J. Renard vl ; Chr. Cravero vl ; J.-M. Apap alto J.-Ph. Feiss cello ; M. Buronfosse cb