Erroll Garner demeure l’un des plus grands improvisateurs de jazz, l’un des plus populaires, même face à un public que cette musique pouvait laisser indifférent vu son syle original et unique, sans école de rattachement ni descendance directe. Autodidacte immédiatement identifiable par ce qu’on a appelé « l’amble garnerien », ce « fameux léger retard en avance sur le temps », il fit de nombreuses tournées dans le monde à partir de 1957. On le retrouve ici en Belgique en 1963 et en Suède l’année suivante, accompagné des fidèles et dévoués Eddie Calhoun (contrebasse) et Kelly Martin (batterie).
Au cours de ces prestations, égal à sa légende, assis sur son indispensable annuaire, rieur, malicieux, grognant de plaisir, regardant rarement le clavier et ses accompagnateurs, marmonnant indéfiniment ses remerciements face au public subjugué, il dévide quelques-uns de ses plus grands succès : « Mambo Erroll », « Where Or When », « Erroll Theme », « Fly Me To The Moon »… ainsi que sa fameuse ballade « Misty », écrite au cours d’un vol entre Frisco et Denver.
Il est ici filmé en noir et blanc (à l’INA, il existe un concert nimbé de la couleur rose qu’il demandait toujours), on apprécie les gros plans sur ses mains - la gauche en Belgique et plutôt la droite en Suède, où la prestation est mieux retrancrite. Comme toujours dans la série Jazz Icons, un livret très documenté accompagne le coffret, témoignage de la place exceptionnelle qu’occupe ce musicien dans l’histoire du Jazz.