Chronique

Cécile Cappozzo Quintet

Hymne d’automne

Cécile Cappozzo (p), Guillaume Bellanger (s), Patrice Grente (cb), Jean-Luc Cappozzo (tp), Étienne Ziemniak (dms)

Label / Distribution : Ayler Records/Orkhestra

On retrouve l’univers de la pianiste Cécile Cappozzo quatre ans après Sub Rosa qui avait fait bonne impression. Toujours adepte d’une musique généreuse, elle développe une pratique libre inscrite toutefois dans une structuration solide. Elle construit, là encore, une partition réfléchie qui s’écoute d’un seul tenant, comme un tableau chapitré en six parties, et servi par cinq musiciens instruits de la ligne esthétique à défendre.

Le trio est devenu quintet. La section rythmique, tenue par Patrice Grente et Étienne Ziemniak, est restée à l’identique ; Jean-Luc Cappozzo, d’invité, est devenu membre permanent. Guillaume Bellanger, nouveau venu dans l’équipe, au saxophone, développe un son chaud et puissant. Très terrien, verveux bien souvent, il contraste avec l’aérien du piano ou l’évanescence de la trompette. Le collectif déploie ainsi une sonorité qui brûle de musique à chaque instant et joue avec une spontanéité brute qui sied parfaitement au projet fixé.

Car Cécile Cappozzo ne se contente pas d’une séance de free music libératrice. Au contraire, elle s’attelle à mettre en mouvement une intention choisie qui va d’un sentiment à l’autre avec un sens soigné de la dramaturgie. Dès Hymne d’automne, le second titre, elle loge une mélancolie qui se pare d’une intensité capiteuse, puis, faisant gonfler son propos, elle renverse l’humeur grise dans le bien nommé « Dance dance » qui se laisse gagner par la danse, le mouvement, voire une joie du son qui fait sauter les verrous de la contrition et offre aux musiciens des terres nouvelles à investir.

Chacun, en effet, y va de ses propositions. D’une basse robuste qui laboure le sol à une trompette fine, tisseuse de liserés contrapuntiques, les membres jouent d’indépendance et les configurations changeantes renouvellent l’attention portée au parcours. Dans « Orage », la batterie est une grêle qui s’abat sur un saxophone et un piano qui rendent coup pour coup. Attentive à tenir ensemble ces individualités, Cécile Cappozzo est toujours le point de canalisation et le metteur en scène qui oriente. Dans cette manière ouverte d’accepter que les choses adviennent, elle se fait canalisatrice de flux et grande ordonnatrice d’une musique bouillonnante.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 22 janvier 2023
P.-S. :