Aymeric Avice Pomme de terre

Le nom de cette formation incitant à l’humour potache, on dira que Pomme de Terre est chaude comme une baraque à free. Et de fait, sur six pistes en continu, on peut entendre un chaos savamment interprété par un quartet qui est une augmentation autant qu’une modulation du trio de départ.

Emmenée par Aymeric Avice à l’éclatante trompette parfois complétée par de l’électronique, la formation d’origine comptait déjà le batteur Etienne Ziemniak [1] mais en remplacement de Julien Desprez, ce sont les guitaristes Niels Mestre et Richard Comte, adeptes d’une grammaire bruitiste issue du noise, qui viennent dresser des murs soniques entrecroisés.

Refusant la forme concise et maîtrisée au bénéfice d’une malléabilité de la structure et d’un goût pour la liberté d’exploration, le quartet cherche la transe et l’élévation mais on pressent que les chemins, dont c’est ici seulement une des photographies, peuvent varier à chaque prestation.

Captée live, comme il se doit pour ce type de projet, lors d’un concert au Festival Jazzdor à Strasbourg, la musique s’organise autour d’effets de masse qui s’opposent ou se complètent. Les guitares prennent tour à tour l’option de la texture ou de la basse et font un amas de notes dense qu’une trompette chantante peut traverser. Mais tout étant extrêmement mobile, la batterie peut faire basculer l’édifice dans une dimension tendue en élevant d’un cran la dynamique générale et orientant nouvellement les intentions vers l’horizon à atteindre.

Dans ces ambiances noires, on traverse pourtant une diversité de climats et les combinaisons changeantes ne sont pas la moindre des qualités de ce groupe. La trompette jamais envahissante (péché mignon, parfois, de cet instrument) parvient même à se situer à la juste distance : au cœur du processus, au même titre que les autres parties mais avec suffisamment de personnalité pour les tirer plus avant.