Chronique

Christian Gaubert, André Ceccarelli, Jannick Top

Ligne Sud Trio

Christian Gaubert (p, comp), André Ceccarelli (dms), Jannick Top (elb) + Thomas Savy (sax).

Label / Distribution : Cristal Records

Christian Gaubert vit en musique depuis bien longtemps : dès les années 60, après des études au conservatoire de Marseille dont il sortira titulaire de premiers prix de piano et de solfège, avant de se perfectionner en orgue et harmonie, ce pianiste constituera ses premières formations, dont un trio de jazz avec Marcel Sabiani et un big band. Une longue histoire qui ne faisait qu’ouvrir ses premières pages : celles-ci seront nombreuses et émaillées de rencontres avec de nombreuses figures de proue du monde de la variété (Aznavour, Bécaud, Lavilliers, Croisille…) ; mais Gaubert, bientôt septuagénaire, est d’abord connu comme chef d’orchestre et compositeur, en particulier de musiques de films. Le cinéma donc, au centre de son travail, et une autre route croisée, celle de Francis Lai, dont il deviendra l’arrangeur pour Vivre pour vivre, Love Story, Mayerling, Itinéraire d’un enfant gâté, Les yeux noirs… Tout récemment, il a écrit la partition de Salaud, on t’aime, le dernier film de Claude Lelouch, qui sortira prochainement en salles.

Septième art, rencontres… On comprend mieux le sens à donner à un trio aux accents chantants, composé exclusivement d’hommes du sud. Deux Marseillais : Gaubert lui-même et Jannick Top, dont la vibration rassurante est ici à des années-lumière des fureurs de son Infernal Machina, et un Niçois, André Ceccarelli, ou l’assurance du groove dans la sérénité d’une amitié longue durée. Une association de bienfaiteurs pour une Ligne Sud qui conte des histoires au charme tranquille, parsemées de mélodies sans âge, mais à coup sûr entêtantes.

Épaulé par une rythmique qui est aussi celle du groupe Troc, toute en souplesse et déhanchements félins, Christian Gaubert peut laisser libre cours à son imagination et à l’éclat de son doigté. Ligne Sud propose treize ballades ensoleillées, autant d’invitations à un voyage tranquille et apaisant. Voilà un disque pour le plaisir : Ceccarelli et Top n’ont plus rien à démontrer, leur complicité est le meilleur allié de ce pianiste au jeu hyper-mélodique. Le renfort de Thomas Savy ne fait qu’ajouter au sentiment de bien-être constant, quand le saxophoniste vient ajouter ses propres couleurs au paysage de « Lumières citadines ».

Avec Ligne Sud, c’est un peu comme si chacun d’entre nous était convié à bord d’une berline anglaise aux sièges en cuir, aux parements en ronce de noyer, dans un confort à l’ancienne ; le moteur ronfle, on entrouvre les vitres et on laisse défiler le paysage, on chantonne un chabadabada, avec l’assurance d’arriver à bon port, sans à-coups ni embardées. Une promenade où il est question de romantisme, de calme impressionniste, de lumière citadines, de nostalgie ou d’un beau jour de novembre. Une musique épicurienne, toute en élégance feutrée - une musique pour tous, exempte de vulgarité et bien dans ses notes qu’il fait bon se mettre entre les oreilles, juste pour le plaisir d’être en bonne compagnie.