Dave Douglas Brass Ecstasy
Spirit Moves
Dave Douglas (tp), Luis Bonilla (tb), Vincent Chancey (cor), Marcus Rojas (tu), Nasheet Waits (dm)
Label / Distribution : Greenleaf Music
Le nouveau Dave Douglas est arrivé. Attendu avec beaucoup d’impatience, comme toujours, c’est le premier-né de la formation Brass Ecstasy montée en hommage à une de ses idoles : Lester Bowie. Créé il y a quelques années, ce quintet à l’instrumentation évolutive, et qui a vu passer de nombreux musiciens, a longtemps tourné avant que Douglas ne se décide à enregistrer ce « brass band » en studio.
Il réunit ici deux membres historiques du Brass Fantasy de Lester Bowie avec Luis Bonilla au trombone et Vincent Chancey au cor. En complément, l’excellentissime Nasheet Waits et le tubiste Marcus Rojas. Là où les concerts étaient énergiques, délirants et d’une grande liberté, ce Spirit Moves présente un versant assagi de sa musique. Autour d’un répertoire alternant reprises (le magnifique « This Love Affair » de Rufus Wainwright ou l’énergique « Mr Pitiful » d’Otis Redding) et compositions, « Brass Ecstasy » fait la part belle au trompettiste et son travail sur les timbres. Malgré quelques passages un peu décevants (« Fats », « The Brass Ring »), une fois de plus on se régale. Utilisant le quintet soit comme précieux écrin pour sa trompette (« This Love Affair », « The View From The Blue Mountain », « Rava »), soit comme véritable « brass band » faisant la part belle aux improvisations individuelles (« Bowie », « Great Awakening », « Orujo »), Douglas rend un hommage réussi à Lester mais aussi à la Nouvelle-Orléans et à ses musiciens, lui qui dit écrire en pensant toujours à eux.
Outre la prestation du leader, comme souvent remarquable, Nasheet Waits donne une véritable leçon de musicalité : avec Rojas, il constitue la colonne vertébrale de ce quintet. Tout au long des onze morceaux, il fait preuve d’une qualité d’écoute, d’une imagination et d’une maîtrise technique stupéfiantes. Mais il serait injuste de limiter les éloges à ces deux seuls musiciens. Grâce à Bonilla, Chancey ou Rojas (impressionnant d’aisance), ce groupe est un joyau. Seul petit regret, au vu des prestations scéniques [1], manquent les petites touches d’humour et autres débordements libertaires vus sur scène, où « Brass Ecstasy » donne toute sa mesure.