Scènes

Marjolaine Reymond investit le Pannonica

Pour lancer la saison 2010, la scène nantaise accueillait le quartet de Marjolaine Reymond. Une invitation à découvrir un monde à part.


Le Pannonica accueille rarement des chanteuses. Quand c’est le cas (Charlène Martin, Jessica Constable ou Claudia Solal), c’est pour leur univers personnel, loin des clones interchangeables. Pour lancer l’année 2010, la scène nantaise accueillait ainsi le quartet de Marjolaine Reymond, comme une invitation à découvrir un monde à part, aux croisements du chant lyrique et des musiques improvisées. Cela donne une musique délirante et décapante qui fait fi des catégorisations simplistes.

M. Reymond © Hélène Collon

Marjolaine Reymond est un tout non négociable. Pas de compromis, il faut prendre l’ensemble : les inspirations et divagations multiples, les délires de l’enfance, le jazz et la musique contemporaine. Découvrir son quartet en concert c’est un peu comme assister à un opéra : on devine une trame en filigrane, chaque morceau s’inscrivant dans un univers imaginaire nourri par l’enfance, où toutes les inventions sont possibles. Le chant renforce ce sentiment : il passe du du lyrique au cartoonesque avec une aisance confondante. Parfois halluciné, il est, réellement, iconoclaste.

Douée d’une belle présence scénique, Marjolaine Reymond use aussi - et avec habileté - de l’électronique ; celle-ci vient nourrir le nouveau continent musical qui se déploie sous nos yeux et nos oreilles, au même titre que ses trois complices : David Patrois offre à cette musique très moderne les résonances polymorphes de son vibraphone, qui accentue l’impression singularité ; Xuan Lindenmyer la propulse via une contrebasse puissante et agile à la fois, tandis que, derrière ses fûts et cymbales, Yann Joussein fait feu de tout bois en échangeant avec eux des regards complices. Il se dégage du trio une belle énergie, dont l’ancrage jazz complète à merveille les univers imaginaires originaux de la compositrice, qui semble survoler cette musique avec une facilité déconcertante. Si l’on ajoute à cela un sens de l’humour ravageur et une tendance à l’auto-dérision qui apporte beaucoup de fraîcheur à l’ensemble, on tient là un équipage prêt à désamorcer toutes les velléités d’étiquetage.