Chronique

Michaël Attias Quartet

Nerve Dance

Michaël Attias (as), Aruán Ortiz (p), John Hebert (b), Nasheet Waits (dm)

Label / Distribution : Clean Feed

Cosmopolite à plus d’un titre (israélien d’origine, ayant vécu en France et vivant aux Etats-Unis), le saxophoniste Michaël Attias est de ceux qui, au sein de la bouillonnante scène new-yorkaise, se portent garants de la continuité d’un jazz historique qu’il renouvelle à sa manière, sans heurt ni violence.

A la tête d’un quartet dans lequel on retrouve le contrebassiste John Hébert - aussi membre de son trio Renku (deux disques au compteur également chez Clean Feed) - et le batteur Nasheet Waits, le saxophoniste développe, en effet, un jeu tout en finesse. Sans rejeter des moments de virtuosité (“Dark Net”) voire d’impétuosité (“Le Pèse-nerfs”), il aborde l’instrument avec sensualité, adepte d’un son droit et chaleureux. L’apparente décontraction dont il témoigne l’éloigne, par ailleurs, d’une abstraction trop distancée et de discours superflus .

A cette configuration tripartite, il faut ajouter le pianiste cubain Aruán Ortiz véritable élément disruptif de l’ensemble. Ce dernier propose, par son jeu elliptique et percussif, une réorganisation fructueuse de l’alchimie qui soude ces quatre personnalités. Jamais dans l’attendu, sans être, lui non plus, dans la confrontation, son clavier est source d’une poésie lumineuse. Il ouvre des pistes harmoniques toujours surprenantes où le saxophone s’engage avec un plaisir évident.

Soudé et stimulé par une basse subtile et ronde, une batterie savamment swinguée, le répertoire du quartet, lorsqu’il n’est pas dans l’énergie frontale, invite au long des plages à des moments de tendresse comme sur “Moonmouth” ou “Rodger Lodge” ou à de suaves complexités comme sur “La part maudite” ou encore le coltranien “Dream In A Mirror”. On y croise, toujours avec élégance, les nombreux visages d’une musique autant familière que transfigurée.