Chronique

David Linx & Brussels Jazz Orchestra

Brel

David Linx (voc), Brussels Jazz Orchestra

Label / Distribution : Jazz Village

Pour ceux qui gardaient en mémoire À nous Garo et The Whistleblowers, disques sortis respectivement en 2013 et 2015, ce pouvait être plus qu’une agréable nouvelle d’apprendre que le bruxellois David Linx allait s’attaquer au répertoire de Jacques Brel. Une bonne surprise même. La chanson belge redonnée à elle-même. Loin des tours de passe-passe de la francité qui assimile tant de belges.

Malheureusement, et c’est sans doute la loi du genre, c’est bien souvent quand David Linx reste au plus près des interprétations originales, au lieu de laisser sa voix errer, parfois, au milieu des mesures, ou bien éteindre soudain, en bout de rime, toute expression dans sa voix, qu’il parvient à nous faire oublier le Grand Jacques (les sinueux saxophones de « Ces Gens-là », les fines dissonances de « Ne me quitte pas »). Car même la reprise d’« Amsterdam », passant par le détour de la version anglaise, et proche de celle Scott Walker de 1967, peine à nous faire sentir les odeurs si délicieusement malsaines des ports de la mer du Nord.

Pourtant, le son du Brussel Jazz Orchestra est chaud, puissant, précis (les cymbales de Toni Vitacolonna !), et sait enflammer par ses cuivres bien des titres de Brel (« Bruxelles », « La valse à mille temps »). Mais est-ce bien échapper à la « nostalgie » et ancrer Brel dans le « présent », comme le souhaite David Linx, arrangeur, que de repeindre sa musique aux couleurs d’un swing d’après-guerre ? On oublie, certes, valse et flonflons, mais après ?

Sans doute faut-il qu’il existe un certain nombre de versions différentes et convaincantes d’un même titre pour que l’original pâlisse et que sa trame en soit mise à nu, produisant ainsi un standard. Mais qui pourrait standardiser Brel ? Pas un musicien belge, sûrement pas.