Chronique

David Sanborn

Time And The River

David Sanborn (as), Marcus Miller (b), et divers.

Label / Distribution : Okeh Records

Ses innombrables contributions à des productions populaires (avec Sting, Stevie Wonder, David Bowie, Roger Waters….) et l’accessibilité de son répertoire font de David Sanborn l’un des saxophonistes de jazz les plus appréciés du grand public. Son timbre unique à l’alto incarne à lui seul l’idée que le public se fait du saxophone.
Musicien de studio par excellence, il a par ailleurs signé vingt-deux albums sous son nom et, en quarante ans de carrière, cumulé de nombreuses récompenses. Il a ainsi remporté 5 Grammy Awards et 7 disques d’or pour son album Inside (1999) en collaboration avec Marcus Miller. Time And The River marque les retrouvailles avec le bassiste - producteur.
L’album réunit Roy Assaf aux claviers, Yotam Silberstein et Nicky Moroch aux guitares, Peter Hess au saxophone soprano et à la flûte, Justin Mullens à la trompette, Tim Vaughn au trombone, Ricky Peterson à l’orgue Hammond, Javier Diaz aux percussions, Marcus Miller à la basse et Marcus Baylor à la batterie.
Time And The River se présente comme une succession de morceaux taillés pour la radio. L’ensemble s’écoute comme un florilège de chansons pop dont la durée moyenne est de 4’30.
Les riffs sont efficaces, les mélodies sont chantantes et les rythmes souvent binaires. L’auditeur actif remarquera aussi que la plupart des morceaux s’éteignent en fade out, ces « non-fins » typiques des chansons de variété.
L’album accueille les voix de Randy Crawford et Larry Braggs respectivement sur les standards « Les Moulins de mon Cœur » et « Can’t Get Next to You ». Mais à part ces deux chansons, c’est surtout la voix de l’alto de David Sanborn qui est mise à l’honneur. Si l’on trouve bien quelques chorus qui parsèment l’album (on retiendra par exemple la prestation de Yotam Silberstein sur « À la Verticale »), l’ensemble laisse peu de place à l’improvisation et à l’expression individuelle. Sauf à celles de la vedette à l’alto.

Le mixage confirme cette intention de mettre en avant l’altiste et laisse souvent les accompagnateurs en retrait. On préjuge certainement que la masse des auditeurs n’écoute jamais que le chanteur ou la chanteuse… Même Marcus Miller dont on espère toujours des prouesses se fait remarquer par sa relative discrétion.
Les arrangements sont pensés et bien ficelés mais ne présentent pas d’innovation ou de prise de risque. Tout, dans la musique et dans la production de Time And The River, concourt à proposer un produit qui fonctionne. Les ambitions commerciales sont si peu dissimulées que même après de nombreuses écoutes, on ne parvient pas à oublier qu’il s’agit d’une musique enregistrée en studio. A tel point que parfois nous pouvons avoir l’impression d’entendre un Aebersold joué par d’excellents musiciens.

Bien sûr, l’altiste est toujours aussi éclatant et charismatique et parvient à nous émouvoir. Il suffit par exemple de réécouter la ballade soul « Drift » ou le duo piano-saxophone « Overture », qui clôt l’album. Mais on regrette que la réussite de cette musique mise exclusivement sur le timbre de la vedette.