Chronique

Denis Fournier

Je suis caché sous ma peau

Denis Fournier (dms, voix, p)

Label / Distribution : Vent du Sud

Le batteur Denis Fournier, installé dans le sud, se prête à l’exercice du solo à travers un double objet. Un disque d’abord, qui recense treize plages dans lesquelles on entend toute la dimension percussive d’une batterie. La couleur de chaque son, peau, bol tibétain, tom mais aussi jouet et autres baguettes permettant de porter une nuance à chaque frappe, génère, on le sent chez lui, une dynamique particulière qui induit la construction d’un propos rythmique toujours musical.

Car cette dimension chantante, même si elle n’est pas spontanément évidente sur l’instrument, est une des données du jeu de Fournier. Cherchant à la fois la profondeur du tempo et l’enlevé du chant, il se situe à la croisée de ces deux données en proposant un discours extrêmement lisible, de fait, jamais ascétique. Complété ponctuellement par une intervention au piano et agrémenté de poésies personnelles, parfois chantées, Fournier s’aventure dans le prolongement d’une vie faite de musique et de rencontres, dans une forme de quête de soi, si ce n’est mystique, en tous les cas transcendantale. Quand la musique est une forme d’élévation.

Le DVD qui accompagne le disque a été réalisé par Jason Girard et Romain Escuriola. Tourné en partie lors du confinement de 2020 et en partie à Chicago où Denis Fournier joua beaucoup il fut un temps - et où il est retourné dernièrement à l’occasion d’une tournée The Bridge -, le film reprend quelques-unes des pistes précédentes mises en image avec avec des effets ornementaux réussis.

Bord de mer, vagues qui s’échouent sur la plage, paysages verts mais aussi échangeurs d’autoroute américains, l’entrecroisement de ces visuels vient ponctuer les captations du batteur en train de jouer et apportent un supplément sensible. Quelques échanges enfin avec Alexandre Pierrepont (organisateur des tournées The Bridge), de même qu’avec l’ingénieur du son font pencher ce film hybride vers le documentaire et ajoutent une touche supplémentaire à cet ensemble audio-visuel qui emmène l’auditeur au long d’une promenade tout à la fois profonde et délicate.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 3 septembre 2023
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