Chronique

Electro Deluxe

Circle

Gaël Cadoux (kb), Thomas Faure (sax), Jérémie Coke (elb), James Copley (voc), Arnaud Renaville (dms), Vincent Payen (tp), Bertrand Luzignant (tb).

Label / Distribution : Stardown

Et c’est reparti pour un tour ! De dance floor, peut-être, si l’on en juge par la dimension festive de ce sixième chapitre discographique d’une histoire commencée par Electro Deluxe il y a plus de 15 ans maintenant [1]. Et puis, après tout, le nouveau disque du groupe ayant pour titre Circle, il se propose à coup sûr de faire tourner les têtes. Voilà pour la dimension géométrique d’un album qui, s’il ne constitue pas une surprise artistique au regard de ses prédécesseurs, s’avère tout aussi réjouissant qu’eux.

Un rapide coup d’œil dans le rétroviseur montre à quel point ce combo survolté, qui emporte désormais tout sur son passage, a évolué depuis ses débuts. À l’aube des années 2000, on parlait d’électro-jazz, les références à des légendes telles que Stevie Wonder étaient affichées sans ambiguïté, parfois une incursion vers le hip hop se faisait jour et ancrait le groupe dans les musiques dites urbaines. L’arrivée de l’Américain James Copley a marqué une très nette inflexion vers un répertoire tout aussi black dont les sources sont celles du funk et de la soul music. Avec comme moteur les esprits conjugués de James Brown, Otis Redding ou Marvin Gaye, entre autres parrains. Le chanteur, qui a fait ses armes aux côtés de son père dans les églises baptistes, est charismatique au point que bon nombre de spectateurs assistant à la communion endiablée qu’est aujourd’hui un concert d’Electro Deluxe écarquillent les yeux quand on leur explique que leur idole n’est montée à bord de l’embarcation qu’en cours de route. Et que c’est bien la cellule composée de Gaël Cadoux, Jérémie Coke, Thomas Faure et Arnaud Renaville qui a donné naissance au groupe pour lui forger son identité première et continue d’en véhiculer la fougue originelle. Ajoutez à cette quinte un duo de soufflants complémentaires (Vincent Payen et Bertrand Luzignant) et vous obtiendrez de quoi embraser bien des scènes face à un public qui – c’est impossible de faire autrement – manifeste debout son enthousiasme dès les premières minutes. Parce que si Circle laisse entrevoir de façon très nette ce registre dans lequel évolue désormais Electro Deluxe, il faut dire que c’est avant tout la version live qui permet de comprendre toute l’énergie que peut recevoir un public dont l’adhésion est totale. Celles et ceux qui ont été de la fête comprendront de quoi il retourne et ne manqueront pas d’appeler de leurs vœux autant que possible le « grand » Electro Deluxe, celui qui parfois se produit augmenté d’un big band flamboyant propre à exaucer tous ses rêves d’une black music pour tous [2].

Circle, dont les textes sont signés Copley, est dans l’exacte continuité de Home : il distille des thèmes assez fastueux (« All Alone », « Liar », « Cut All Ties »), nourris d’un groove profond (« Oh No »), de potentiels hits proches de la dance music (« Keep My Baby Dancing »), sans oublier le passage par quelques ballades élégamment tournées (« Circle Of Life »). L’interprétation est sans faille, la rythmique choisit la ligne droite, les cuivres étincellent et les claviers sont entêtants. À l’écoute de cette succession de temps forts (et très agréables), on se dit que les questions existentielles sont superflues. Electro Deluxe ne monte pas sur les barricades d’une révolution musicale en marche, mais n’en clame pas moins sa foi en un monde où les bras seraient levés en direction d’un même but : vibrer ensemble et faire le plein d’énergie. Voilà qui peut s’avérer fort utile…

par Denis Desassis // Publié le 2 octobre 2016

[1Après Stardown (2005), Hopeful (2007), Play (2010), Live In Paris (2012) et Home (2013).

[2L’album Live In Paris enregistré à l’Alhambra en octobre 2011 à l’occasion des dix ans du groupe constitue à cet égard un témoignage édifiant.