Chronique

Ellen Andrea Wang

Closeness

Rob Luft (g), Ellen Andrea Wang (b, vocal), Jon Fält (dms)

Label / Distribution : Ropeadope

Closeness est un album important dans la discographie de la contrebassiste, compositrice et chanteuse Ellen Andra Wang car il ponctue, sans les clôturer, une dizaine d’années de travail et de développement tous azimuts. En 2020, Wang s’accorde non pas une pause mais un moment d’introspection, de mise au point sur l’essentiel.

La production est extrêmement soignée. Le son est ample et doux, presque caressant et pour cause : ce disque écrit et composé en hommage à Charlie Haden (pas seulement sur la reprise de « Lonely Woman », même si elle est incontournable dans cette version chantée) est un projet dans lequel la musicienne expose sa toute jeune maternité et le changement de vie et de priorités qu’elle induit. Le titre « Waiting for Ellinor » empli de sons de jouets, de mélodies et voix aériennes est très expressément dédié à ce bouleversement majeur dans la vie de tout artiste. Pas besoin d’être une femme pour le comprendre.

La musique ici s’éloigne de celle de GURLS et du succès tonitruant obtenu précédemment avec ses camarades Rohey Taalah, au chant, et Hanna Paulsberg au saxophone (2018), et des deux précédents albums publiés sous le nom d’Ellen Andrea Wang Trio, Blank Out (2017) et Diving (2014).

Closeness est né d’une commande de la scène nationale de jazz d’Oslo, Victoria Nasjonal Jazzscene, qui a présenté ce projet en ouverture de sa saison 2019/2020… en ignorant à quel point la seconde partie de cette saison allait être amputée de la possibilité de « proximité » humaine, justement. Ironie des temps modernes.

Le guitariste londonien Rob Luft, entendu auprès d’Elina Duni, colore de son jeu délicat un propos centré sur la basse reine. Telle que la plaçait et concevait Charlie Haden. Humble et pourtant centrale, incontournable dans la vie de la musique.

Jon Fält, batteur suédois vu aux côtés de Bobo Stenson, Fredrik Ljungkvist et dans une myriade d’autres projets du label ECM, renforce et clôt ce trio unique et profond qui, tout en proclamant son amour du jazz, ne peut s’empêcher de s’ (nous) offrir quelques embardées dans la pop, par exemple, avec la reprise du titre « This Is Not America » de Bowie.
La signature d’Ellen Andrea Wang, en somme.