Chronique

Ethan Cohn / Sebastián Greschuk

Ensemble Infinity

Tatiana Nova (voc), Sebastián Greschuk (tp, bugle, valve tb), Yakiv Tsvietinskyi (tp, bugle, tb), Joshua Schofield (as), Gianni Gagliardi (ts,ss), Lorenzo Vitolo (p), Ethan Cohn (b), Áron Tálas (dm, Moog, Fender Rhodes)

Label / Distribution : Ears And Eyes Records

Il est toujours plaisant de découvrir une formation élargie, sachant que de nos jours, des difficultés majeures peuvent décourager les chef.fe.s d’orchestres. Les problèmes pour se faire engager sont monnaie courante et réunir autour des pupitres des musicien.ne.s au planning chargé n’est pas toujours simple. Cette sortie discographique de l’Ensemble Infinity n’en est donc que plus méritoire.

L’orchestre rassemble diverses nations, de la Russie aux États-Unis en passant par l’Ukraine, l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie, la Hongrie et l’Argentine. Ce mélange hétéroclite fonctionne et surprend par son homogénéité. Les deux piliers de l’orchestre, Ethan Cohn et Sebastián Greschuk, se partagent l’écriture des neuf thèmes que comporte cet enregistrement.

Le trompettiste Yakiv Tsvietinskyi est la révélation de ce disque. Ce jeune musicien, qui a démarré sa carrière en pur autodidacte, s’est bien rattrapé depuis : la communauté du jazz contemporain le considère comme une nouvelle voix très originale. Il s’engage ici dans des improvisations de haut vol et leur apporte de la fraîcheur, en particulier dans « Saragossa ». Tatiana Nova se distingue par une couleur raffinée qui rappelle Norma Winstone et Lauren Newton lorsqu’elles prêtaient leurs voix aux grands orchestres : son envolée dans « Bound To You » montre sa grande délicatesse. L’efficacité dont font preuve les quatre souffleurs donne l’illusion que nous avons affaire à un big band ; les arrangements y sont pour beaucoup. C’est avant tout la connivence entre Ethan Cohn et Sebastián Greschuk qui permet cette réussite, mais les dialogues entre les solistes et la section rythmique produisent un équilibre parfait.

Par sa volonté commune, l’Ensemble Infinity affiche une décontraction qui caractérise autant les compositions que les improvisations, le tout avec beaucoup de clairvoyance.

par Mario Borroni // Publié le 26 novembre 2023
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