Chronique

Foehn trio

Highlines

Christophe Waldner (p., claviers), Cyril Billot (b, synth), Kévin Borqué (dms, pads)

Label / Distribution : Mad Chaman

Trois ans à peine après le démarrage en trombe d’un premier disque remarquable, Foehn trio était quelque peu attendu au tournant du fatidique deuxième album. Autant le dire tout de suite, c’est un virage négocié avec beaucoup de dextérité qui confirme l’impression de départ et qui révèle un trio qui était loin d’avoir tout donné.
Si Magnésie nous avait cueilli avec ses mélodies aériennes et caressantes, High Lines dévoile un groupe qui a considérablement enrichi sa panoplie et pris de la hauteur, jusqu’à dépasser les montagnes de Chamonix. Le champ des influences est large : il va de Manchester, chez GoGo Penguin, à la Californie de Flying Lotus.

Les compositions sont toujours aussi sensibles, elles sont portées par les rythmiques de batterie audacieuses et impressionnantes de justesse et d’énergie. Si le percussif et inventif Igor Cavalera avait un alter ego dans le domaine du jazz, nul doute qu’il s’agirait de Kévin Borqué. Christophe Waldner dévoile des mélodies qu’il irrigue à travers un piano qu’il dompte, et Cyril Billot fait groover sa contrebasse comme s’il s’agissait d’une Precision Bass. Chacun des trois musiciens possède sa propre magie, évite les codes attendus de son instrument et sait exactement quoi apporter pour que le tout ne fasse qu’un. Il en ressort une cohérence et une précision peu commune, un style qu’on pressent affûté sur le fil des scènes écumées.

Erik Truffaz vient grossir les rangs sur « Old Ocean », et Joce Mienniel se joint à la « Danse pour Gaïa ». Une invitée musicale ne passe pas non plus inaperçue, il s’agit de la « Gnossienne No.1 » d’Erik Satie. Plus qu’un morceau revisité, on a l’impression d’une composition aux ressources multiples, qui contient plusieurs clés de lectures. C’est comme si le trio en avait exhumé une, qui va de soi, tant les arrangements passent « crème ». High Lines est aussi le résultat d’une recherche intarissable, un travail constant du son, d’un trio qui ne cesse d’interroger sa musique, de la remanier, de la mettre en mouvement. Ça s’entend et ça fait son effet. Le fameux effet de Foehn serait donc brillant.