Chronique

Germano Mazzocchetti & Egea Orchestra

Di Mezzo Il Mare

Pietro Tenolo (ts, ss), Marco Zurzolo (as, ss, fl), Gabriele Mirabassi (cl), Gianpaolo Casati (tp), Alesandro Tedesco (tb), Enrico Pieranunzi (p), Giancarlo Bianchetti (g), Piero Leveratto (b), Alfred Kramer (dms), Fulvio Maras (perc)

Label / Distribution : EGEA

Un disque d’exception. Voilà ce que nous offre Egea par l’intermédiaire de son orchestre « maison », Egea Orchestra, constitué d’une dizaine d’artistes du label parmi les plus importants de la scène jazz italienne, comme notamment Enrico Pieranunzi ou Gabriele Mirabassi.

Pour mener le navire à bon port, on trouve à la barre Germano Mazzocchetti, musicien éclectique ayant régulièrement travaillé pour le théâtre ou le cinéma, compositeur et arrangeur de tous les morceaux présentés dans cet ouvrage. Et quel morceaux ! De véritables tourbillons de vie et d’expression, où la densité se mêle à l’espace, le calme alterne avec le déferlement, l’écriture dialogue avec l’improvisation.

A l’image d’un périple à travers l’Italie dans toute sa diversité, ce projet brille par ses riches et nombreux contrastes, contrastes encore mis en valeur par une extraordinaire prise de son. Au fil de ces six titres d’une durée de sept à neuf minutes chacun, les solistes s’intercalent habilement au sein de structures réglées au millimètre, chacun parvenant à merveille à exprimer son univers personnel : « Porto Antico » donne l’occasion à Enrico Pieranunzi d’illustrer encore sa grande sensibilité et son étonnante finesse de toucher, soutenues par de longues et subtiles harmonies de cuivres. Juste après survient le très rythmé et cinématographique « Staccomatto », sorte de course poursuite offrant l’opportunité à Marco Zurzolo et Gabriele Mirabassi de se livrer à un chorus magistral, dont un solo intégral de Zurzolo aux impressionnantes vélocité et fluidité. Et toujours, en arrière-plan, de redoutables riffs de cuivre confortant la richesse de l’ensemble.

Comme stimulé par tant d’énergie, on retrouvera un Pieranunzi plus loquace et ayant mis de côté son héritage evansien dans « Festa Ionica ». Le disque se clôt par « Mezzo et Mezzo » et sa sonorité latine - mais quoi de plus naturel pour de la musique italienne ? - propice à une autre improvisation débridée de Mirabassi.

La qualité majeure de ce groupe hors du commun est de parvenir à cumuler la puissance et la dynamique d’un big band tout en conservant l’esprit intimiste qui est la marque de fabrique du label Egea, lequel propose habituellement des disques en petite formation, fréquemment sans batterie. Outre cette structure pour le moins inhabituelle, l’Egea Orchestra réussit le tour de force de révéler une grande homogénéité alors qu’il est constitué de musiciens souvent impliqués dans des réalisations très personnelles et n’ayant donc pas nécessairement l’habitude de jouer ensemble. Un superbe projet.