Chronique

Enrico Pieranunzi

Fauréver - A Tribute To Gabriel Fauré

Enrico Pieranunzi (p), Diego Imbert (b), André Ceccarelli (d) + Simona Severini (voc ), Gabriele Mirabassi (cl)

Label / Distribution : Bonsai Music

Pierre Darmon, Président de Bonsaï Music, a eu la bonne idée de permettre à Enrico Pieranunzi d’assouvir l’un de ses rêves, pouvoir se consacrer un album destiné à honorer l’anniversaire du centenaire de la disparition de Gabriel Fauré. Le résultat est appelé à devenir une référence en la matière. Le compositeur français a inspiré de nombreux pianistes de jazz, de Bill Evans à Jacky Terrasson en passant par Brad Mehldau, tous ont été touchés par la finesse mélodique et l’intériorité profonde de cette musique. Le crédo d’Enrico Pieranunzi instaure une filiation sincère qui fait de Fauréver - A Tribute To Gabriel Fauré un enchantement.

Les influences des compositeurs français sur le style du musicien romain sont évidentes, Claude Debussy en particulier. Mais les œuvres de musique de chambre composées par Gabriel Fauré ont véritablement bouleversé ce pianiste qui n’hésite pas à les transformer radicalement comme « Funkarolle ( D’après Barcarolle opus 44, n° 4 ) », le rythme hérité du funk propulse le trio vers des paysages originaux. Simona Severini délivre des vocaux en totale harmonie avec les arias classiques de la musique française, son intervention dans « J’aime tes yeux ( D’après Chanson d’Amour opus 27 n ° 1 ) » caresse les accords du piano. Autre invité de choix, Gabriele Mirabassi, complice du pianiste dans le superbe Play Gershwin , est parfaitement à son aise, son intervention dans « 
Autour de la Sicilienne ( D’après Sicilienne opus 78 ) » insuffle à cet air une pureté cardinale.

André Ceccarelli a une telle expérience depuis ses participations aux groupes novateurs Troc, CCCP et ses multiples partenariats qu’on en oublierait son expatriation en 1979 aux Etats-Unis où il se produisit avec Chick Corea et Bunny Brunel, il est le batteur idoine pour interpréter ces pièces musicales. Son phrasé prodigué aux balais dans « Romance pour un roman ( D’après Romance sans paroles opus 17 n ° 1 ) » et « Prélude pour une berceuse ( D’après Prélude opus 103 n ° 1 ) » confère au sublime de même que son attaque décisive sur les cymbales dans « Bonjour Dolly ! ( D’après Dolly Suite opus 56, Berceuse ) ». L’osmose avec Diego Imbert, majestueux dans « Forever Fauré », démontre la parfaite unicité du trio qui dans le lointain album Ménage à trois rendait déjà hommage à plusieurs compositeurs classiques français.

Le dépouillement qui caractérise l’œuvre de Gabriel Fauré est retranscrit avec enthousiasme dans cet album. Le pianiste, brillamment soutenu par la section rythmique, réaffirme bien son potentiel à tenir en haleine à l’image de « Valse pour une Pavane ( D’après Pavane opus 50 ) ». Les lignes mélodiques caractéristiques interprétées par Enrico Pieranunzi rendent un hommage intense à une musique qui se doit d’être redécouverte. .