Chronique

Gordon Grdina

No Difference

Gordon Grdina (g, oud), Mark Helias (b), Kenton Loewen (dm), Tony Malaby (ts)

Label / Distribution : Songlines

Guitariste et oudiste basé à Vancouver, Gordon Grdina joue une musique puisant son inspiration à la fois dans les musiques arabe, persane et indienne, et dans le jazz contemporain. Il adopte ici différentes configurations : en duo avec la contrebasse de Mark Helias, en trio avec ce dernier et le batteur Kenton Loewen, un compagnon régulier, ou en quartet avec l’apport de Tony Malaby, d’ailleurs membre du trio « Open Loose » de Mark Helias. Outre ces variations de configuration, il passe de la guitare au oud en fonction des morceaux, multipliant ainsi les approches pour exposer toutes les facettes de sa musique.

D’une composition à l’autre - les trois morceaux introductifs en sont la parfaite illustration -, Grdina alterne les ambiances, que ce soit en termes de jeu ou de sonorités, tirant tout le bénéfice des possibilités offertes par ces deux instruments. Les morceaux en duo avec Helias constituent les pièces maîtresses du disque ; tous deux dialoguent superbement, avec délicatesse, profondeur et inspiration. Leur talent d’improvisateur s’ajoute avec bonheur à un grand savoir-faire d’accompagnateur, pour aboutir à des échanges toujours fluides. « Nayeli Joon » en est probablement la plus belle illustration. Lorsqu’ils sont rejoints par Loewen, la musique se fait plus dense, plus jazz, avec un équilibre plus traditionnel entre les trois musiciens. Enfin, les plages en quartet avec Tony Malaby au ténor font entendre un jazz new-yorkais brûlant, excitant (« Fierce Point », « Visceral Voices »), où la matière sonore est malaxée, étirée (« Cluster »). En somme, le caractère hétérogène de No Difference peut surprendre au premier abord, mais on se rend compte au fil des écoutes que justement, c’est là tout son intérêt.