Chronique

Gordon Grdina’s trios

Boiling Point / Pathways

Gordon Grdina (g, oud), Matt Mitchell (p), Jim Black (dm), Mark Helias (b), Matthew Shipp (p)

Label / Distribution : Attaboygirl Records

Retour sur deux des dernières productions du guitariste et oudiste canadien Gordon Grdina. Deux disques en trio en compagnie de deux formidables pianistes, Matt Mitchell d’un côté et Matthew Shipp de l’autre. On notera que les deux albums ont été enregistrés au studio new-yorkais Eastside Sound de Marc Urselli.

Boiling Point (Astral Spirits) est le deuxième album du Nomad Trio, trio que Grdina forme avec le pianiste Matt Mitchell et le batteur Jim Black. Les compositions sont toutes de la plume du guitariste. Six en tout, comme les six cordes de sa guitare. Six morceaux plein de fougue et d’énergie où la frappe lourde de Jim Black maintient une tension permanente. Le jeu de guitare à peine saturé de Grdina s’appuie sur ce tempo, à la fois millimétré mais très ouvert, pour improviser de longues phrases irisées. Mitchell s’y glisse avec une autorité et un aplomb confondants, l’explosivité et l’exubérance de son jeu de piano apportant reliefs et aspérités à la musique de son leader. Un disque boulimique qu’on dévore d’une seule traite.

Le deuxième album, Pathways (AttaBoyGirl Records), est également un disque en trio. Un trio sans leader, celui-là, ou du moins un trio où le leadership semble partagé. Gordon Grdina, Mark Helias et Matthew Shipp. Trois musiciens à armes égales. Une guitare, une contrebasse et un piano. Nids de cordes. Sacs de nœuds. Leur musique se déploie tel un serpent indocile, empruntant des chemins tantôt escarpés et tortueux, tantôt plus tranquilles et linéaires. Shipp et Grdina rivalisent d’inventivité et entremêlent leurs voix dans de furieux éclats abrasifs tandis qu’Helias bricole une assise rythmique et harmonique forte qui structure chacun des morceaux. Quelques morceaux plus apaisés ménagent une pause, comme le beau morceau « Palimpsest » qui ouvre l’album ou « Flutter » dans lequel Helias se met particulièrement en évidence.

On peut compléter l’écoute par l’album Night’s Quietest Hour (AttaBoyGirl Records) du groupe Haram, projet de Gordon Grdina (au oud sur tout l’album) autour du répertoire classique arabe. L’ensemble compte douze musiciens dont Tommy Babin, Kenton Loewen et François Houle ainsi que les frères Zubot au violon. Marc Ribot y est invité.