Chronique

Gordon Grdina / Gordon Grdina’s Square Peg

Pendulum / Klotski

Gordon Grdina (g, oud), Mat Maneri (vl), Shahzad Ismaily (eb, moog), Christian Lillinger (dms)

Label / Distribution : Attaboygirl Records

Décidément prolifique, le guitariste et oudiste Gordon Grdina présente plusieurs enregistrements qui paraissent sur le label ABG Records et sont également accessible sur bandcamp. Après un disque consacré à la musique de Tim Berne et dont nous avons rendu compte, deux autres productions sont également à découvrir.

Pendulum est en solo. Gordon Grdina joue de la guitare classique et du oud, et déroule son esthétique musicale. Une musique un peu sèche, abstraite, dans laquelle on entend une complexité sonore parfaitement maîtrisée. Sur des compositions de sa main où la virtuosité est bien présente, il construit avec obstination des pièces sonores dans laquelle la dissonance est une caractéristique. Jouant avec, comme le fait la musique brésilienne, c’est à dire dans le but de valoriser une ligne mélodique plus que pour la briser, il entraîne l’auditeur dans des progressions vallonnées qui égarent l’oreille mais satisfont l’esprit. Sous l’aridité se cachent des mondes qui s’éloignent du jazz mais recouvrent un univers personnel qui en conserve les caractéristiques. L’énergie permanente et l’habileté instrumentale sont au service d’un propos volontaire et entraînent l’auditeur dans une forme d’ivresse.

A ce sujet, le deuxième disque, plus étoffé au niveau des interprètes, est du même acabit. Klotski est signé par le Gordon Grdina’s Square Peg et rassemble quelques frondeurs de la scène avant-gardiste actuelle. Ainsi entend-on, outre les cordes de Grdina (parfois électrifiées cette fois-ci), celles du violon de Mat Maneri et de la basse de Shahzad Ismaily (connu notamment pour jouer dans Ceramic Dog de Marc Ribot). L’Allemand Christian Lillinger est à la batterie. On retrouve avec une certaine gourmandise le jeu tout en déconstruction permanente de ces quatre frondeurs capables, après des décennies de pratique, de proposer toujours des choses stimulantes. Par des propositions brisées, des lignes synclinales audacieuses et surtout une sonorité frontale et tranchante, ils déploient une musique à la fois indépendante dans les intentions de chacun, et parfaitement collective. Toutefois, l’absence de direction compositionnelle puissante, à la hauteur de ces pistoleros, ne permet pas de dégager un propos clairement défini et le résultat s’apparente à certains endroits à une grosse jam, parfaitement réussie toutefois.