Chronique

Gouband / Parlato

Phonogravie

Toma Gouband (batterie, pierres sonnantes, branchages), Rosa Parlato (flûtes, objets, voix, élecronique)

Label / Distribution : Le Petit Label

Rompue à la pratique de la flûte dans sa dimension la plus contemporaine, Rosa Parlato s’associe avec le percussionniste Toma Gouband pour un discret duo plein de poésie. D’origine italienne, formée au Conservatoire de Rome, puis à l’Académie de Musique de Budapest, Parlato, installée à Metz puis Lille, commence par interpréter des pièces de musique de chambre baroque puis classique avant de se tourner vers l’improvisation libre, comme on peut en juger sur cette rencontre enregistrée en 2019.

En six mouvements, les deux musiciens s’engagent dans le champ sonore de manière délicate. La flûte emprunte aux pratiques périphériques à l’instrument : souffle, feulement, percussion des clés, complétées par des mélodies fugaces et enveloppantes qui créent un climat féerique. L’attention portée à l’émission du son prime. La justesse du contour des notes, la minutie de la mise en place et le choix d’une juste expression sont en effet notables et séduisent l’oreille.

D’autant que son partenaire, plus familier de ces colonnes, est également adepte d’un appareillage percussif fortement évocatoire. Batterie personnelle, usage de pierres sonores voire de branchages, il est en quête d’une authenticité acoustique qui capte l’auditeur et l’entraîne dans une écoute approfondie. De part et d’autre, la dimension physique de la musique engage une communion dans l’expressivité.

En cela, la rencontre est de l’ordre de l’évidence et jamais, d’ailleurs, le duo ne se place dans la confrontation. Libérant de nombreux espaces et jouant avec les silences, il invite à une chorégraphie faite de douceur et de rondeur qui ne cherche pas une narration puissante mais bien plutôt de se laisse aller à une lente dérive, glissant à la surface des choses avec une insouciance parfois primitive, à d’autres instants délibérément fantaisiste, toujours pudique et profondément honnête.

par Nicolas Dourlhès // Publié le 29 mai 2022
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