Chronique

Straight Horns

Fragments

Henri Peyrous (ss), Olivier Thémines (cl).

Avec Straight Horns, le saxophoniste Henri Peyrous et le clarinettiste Olivier Thémines ouvrent les conditions d’un dialogue où l’épure se mêle à l’intelligence du propos. Renouant avec des compositions des grands créateurs ayant marqué les heures du jazz de la deuxième moitié du XXe siècle (Steve Lacy, Ornette Coleman, James Carter…), les deux tourangeaux en donnent une exégèse aboutie, à la fois interprétation respectueuse du texte et son prolongement ornemental, intuitif et personnel.

La volonté de rester sur des territoires d’une grande quiétude laisse le loisir de pénétrer sereinement les méandres de deux pensées musicales qui s’unissent souplement et appellent à un élargissement de l’écoute comme à une plénitude songeuse.

La complémentarité des timbres, notamment, crée les conditions d’un ensemble homogène aux couleurs chaudes et à l’élasticité jamais prise à défaut. De même que la maîtrise d’un discours à la fois contenu dans l’écriture et, dans le même temps, entièrement ouvert, est le moyen d’accéder à une proposition qui, si elle n’est que duelle, est parfaitement polysémique.

Quelques frottements contenus amènent la paire sur des territoires sensibles à partir d’un choix de compositions intelligemment sélectionnées qui font de ce répertoire d’une belle poésie une réussite où la forme comme le geste tiennent une part prépondérante et fructueuse. 

par Nicolas Dourlhès // Publié le 26 mai 2024
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