Nouveautés Maya Recordings
Deux nouvelles références s’ajoutent au catalogue du label Maya Recordings et sont également intégralement accessibles sur Bandcamp. Codirigé par Maya Homburger et Barry Guy - époux à la ville - pour produire leur musique, le label s’attarde sur ce dernier puisqu’il s’agit de deux duos dans lesquels il officie.
D’abord - non par ordre chronologique mais de sensibilité -, une captation bien évidemment improvisée pour ce chantre de la musique sans rênes ni cadre prédéfini, avec le batteur Ramón López. Déjà réunis lors d’un trio (également accessible sur Maya Recordings, et toujours sur Bandcamp) avec le pianiste Agustí Fernández, ce duo à l’initiative du batteur joue sur Sidereus Nuncius - The Starry Messenger une musique faite de finesse. Sans outrance, ils s’entendent pour proposer un jeu subtil où chacun trouve une place à égalité de l’autre et où l’intégralité des possibilités instrumentales sont exploitées.
En treize pistes plutôt brèves, l’ensemble est mis au service d’une stylistique affirmée qui, si elle rejette toute forme de consensus harmonique, cherche toutefois une musicalité jamais prise en défaut. Elle se joue du silence, joue avec ou même contre à force de picotements savamment répartis sur le manche de la contrebasse, du grave précis à des aigus vifs, et d’un éclatement délicat des frappes de la batterie dans une répartition soigneusement pensée des parties haute et basse. A noter un hommage, ou clin d’œil, à l’élue de son cœur (Maya Homburger est violoniste baroque), sur le titre « Extra Terrestrial », tenu à l’archet, qui donne tout le loisir d’entendre la belle sonorité de Barry Guy et évoque les lointaines complaintes de la viole de gambe au XVIIème siècle.
Quant à l’autre enregistrement, il est en revanche plus nerveux. Syllogistic Moments voit l’affrontement gymnastique de Guy avec le trompettiste Peter Evans qui, de Zorn à Peter Brötzmann, n’a jamais caché son intérêt pour les musiques de frontières. Plus adepte des recherches acoustiques que véritable hurleur, il trouve néanmoins dans cet échange fertile le moyen de faire sortir de sa trompette les sonorités les plus inattendues, souffle rauque, chant étouffé, claquement de lèvres qui répondent aux tirs de cordes, sauts d’intervalles et crissements du contrebassiste. Au sein de cette entité resserrée, ils avancent frontalement dans une poignée de titres dépassant pour la plupart les dix minutes.
Renouvelant constamment la dynamique du son par des effets de relance et l’inventivité des propositions, ils maintiennent le duo dans une tension fertile. Cette virtuosité excite l’oreille de l’auditeur et donne à entendre des sonorités robustes mais toujours neuves dans une esthétique où les expériences en la matière sont pourtant nombreuses. La ligne claire du champ musical investi n’étant pas, dans cette pratique libre où le foutoir est souvent la règle, la moindre des qualités.