Chronique

Greg Burk & Michel Lambert

Wind Forms

Greg Burk (p), Michel Lambert (d)

Label / Distribution : Tonos Records

Élève de Yusef Lateef et de Paul Bley, le pianiste américain Greg Burk compte dans le paysage du jazz américain depuis le début du siècle. Jeu très délié porté sur la percussion, on remarque vite le lourd bagage classique familial de ce natif du Minnesota qui ne rechigne pas à fouiller les entrailles d’un piano préparé (« Harmattan »). Le jeu de Burk est très doux, jamais dans l’excès et avec une approche très expressive, justement très marquée par la musique classique occidentale. Ainsi le très beau « Windform », où il joue tout en arabesques au fin toucher avec le batteur québécois Michel Lambert est l’occasion de montrer toute sa finesse, qui s’exprimera sous d’autres formes dans le plus abstrait « Zephirus », ouvert à tous les vents de la créativité.

Le vent, il en est évidemment question dans Wind Forms. Un vent sans incarnation soufflée, sauf dans « Alizé » où des flûtes dissonantes viennent remplacer les habituels agrès de Lambert et Burk. La relation avec le Québecois est vraiment primordiale dans ce duo ; on perçoit très vite, dès « Sirocco » et le fin tamis du piano, la finesse avec laquelle les deux instruments s’expriment. C’est avec une manière très impressionniste que les solistes discutent, sans heurt ni compétition. Tout reste très soyeux, et le vent qui souffle est une paisible brise. On reconnaît bien là l’attrait particulier que Greg Burk a pour les batteurs, lui qui a longtemps fait ses armes avec le légendaire Ra Kalam Bob Moses, notamment sur Ecstatic Weanderings, paru en 2012 chez Jazzwerkstatt.

Fin topographe, ce qu’il avait notamment démontré dans son Detroit Songbook dédié à sa ville natale, Greg Burk propose avec Michel Lambert une belle géographie venteuse et poétique dans ce disque paru sur son label Tonos Records. Le travail des deux artistes n’est pas tout neuf, puisque le pianiste avait déjà joué sur l’excellent Ars Transmutatoria : Primita Primi ou sur Sound Neighbors. On retrouve ici la même grande sensibilité qui s’attache à donner corps à l’infime et à l’immatériel avec une grande poésie.

par Franpi Barriaux // Publié le 29 juin 2025
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