Scènes

Greg Osby au Minton’s Playhouse

Le 19 juin est un jour de commémoration nationale aux USA, il marque l’abolition de l’esclavage.


En ce jour du “ Juneteenth 2022”, le quartier d’Harlem est en fête pour commémorer l’annonce faite le 19 Juin 1865 abolissant l’esclavage. On assiste à des défilés sur le Malcom X Boulevard, une block-party sous le chapiteau de l’Apollo Theater et, dans une ambiance plus propice à l’écoute, à un concert de Greg Osby dans ce temple du jazz qu’est le Minton’s Playhouse (“The place where Bebop was born”).

Greg Osby © Guillaume Petit

On se sent tout de suite à l’aise en entrant dans cette belle salle rectangulaire inondée de couleurs pourpre, améthyste et lapis-lazuli. Le lieu est spacieux, l’esthétique très soignée et l’accueil, chaleureux et décontracté. Sur les murs les portraits de T.S. Monk, Dizzy et Bird veillent sur l’assemblée - on notera que ces photographies ont été prises à l’époque où ils laissaient libre cours à leur créativité en ce même lieu. Au fond de la salle se trouve la scène à la dimension fortement réduite par la présence d’un piano à queue ; en fond de scène on peut observer une peinture représentant des musiciens jouant dans une chambre d’hôtel : voilà pour le contexte.
Greg Osby, au saxophone alto, commence seul le set, très vite rejoint par Miki Hayama aux piano et synthétiseur, Richie Goods à la contrebasse et Dwayne “Cook” Broadnax à la batterie. Le son dans la salle est bien équilibré et on entend les moindres détails de ce qui se joue. Greg Osby au saxophone alto est bien centré, fluide et homogène sur toute la tessiture : on a affaire ici à un musicien en pleine maîtrise de son art, actif sur la scène professionnelle internationale depuis 1975.
Il est calme et prend son temps pour développer un phrasé complexe et maîtrisé, laissant de belles respirations dans son jeu. On sent une belle écoute entre les musiciens et le plaisir de jouer, notamment chez Miki Hayama qui, par son approche rythmique et par la construction de ses soli, crée de beaux contrastes sonores avec ses partenaires. Richie Good a un magnifique son de contrebasse et le groove en lui, ainsi que Dwayne “Cook” Broadnax qui soutient sereinement les mouvements de la musique.
Le répertoire, composé de standards, emprunte à John Coltrane, Antonio Carlos Jobim ou Duke Ellington dont une magnifique version de « I Didn’t Know About You » sera donnée.
Pas de jeu démonstratif, une belle circulation des idées et des prises de parole, une grande volubilité dans le jeu des intervenants et un plaisir incontestable dans le partage de la musique : voilà ce qu’il faut retenir de cette prestation « live » du quartet de Greg Osby au Minton’s Playhouse de Harlem, ce club mythique que l’on ne peut que recommander aux amateurs de jazz car il est à la hauteur de sa réputation.